L'interrogatoire de M. Sarkozy, suspendu mardi soir, se poursuivra mercredi, a indiqué une source judiciaire. Nicolas Sarkozy a été entendu "en interrogatoire de première comparution par les magistrats instructeurs dans le cadre de l'information judiciaire ouverte en mai 2021" après la rétractation de Ziad Takieddine, selon une source judiciaire. "Sa convocation porte sur les chefs de recel de subornation, association de malfaiteurs en vue de la préparation d'escroqueries en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de la corruption de personnels judiciaires étrangers", a précisé cette source. En fonction de la teneur de ses déclarations devant le magistrat instructeur et l'appréciation qu'en fera celui-ci, M. Sarkozy pourrait ressortir de cet interrogatoire inculpé ou sous le statut moins incriminant de témoin assisté, qui lui donne un accès au dossier tout en excluant un procès le concernant. L'ex-chef de l'État, qui a contesté toute participation aux faits, est suspecté d'avoir donné son aval ou laissé faire plusieurs personnes qui auraient tenté d'escroquer la justice pour le disculper dans le dossier libyen, qui sera, lui, jugé début 2025. Le premier événement qui a attiré l'attention de la justice est la spectaculaire volte-face de l'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, dans une interview mi-novembre 2020, puis dans une lettre adressée un mois plus tard aux magistrats instructeurs français. A ces deux occasions, M. Takieddine avait assuré que la campagne de M. Sarkozy n'avait pas été financée par les Libyens, une déclaration contraire à ses précédentes affirmations dans le dossier. Pour les enquêteurs, selon un chiffrage récemment établi, au moins 608.000 euros auraient pu être utilisés dans cette opération. Une partie des protagonistes auraient ensuite, dans le premier semestre 2021, également cherché une hypothétique preuve que le retentissant document libyen, publié dans l'entre-deux-tours de la présidentielle 2012 par le site Mediapart et évoquant un financement de la campagne 2007 de M. Sarkozy à hauteur de 50 millions d'euros, était un faux. Ils auraient encore tenté d'obtenir la libération au Liban d'un fils Kadhafi dans l'espoir que la famille du défunt dictateur libyen facilite la mise hors de cause de M. Sarkozy. Dans cette "affaire d'une gravité majeure", selon les mots du juge d'instruction dans une ordonnance de fin 2021, l'ex-chef de l'Etat a fermement contesté toute participation aux faits incriminés pendant douze heures lors de son audition libre mi-juin, devant les enquêteurs financiers de l'office central contre la corruption (OCLCIFF). Il a indiqué avoir été mis au courant du souhait de M. Takieddine de changer de version en octobre 2020, un mois avant que l'information ne soit publique. Mais "aucun élément concret matériel, de téléphonie, ne peut m'incriminer dans cette folie, ni de près, de ni de loin", a assuré M. Sarkozy. Longuement interrogé sur son agenda et sa téléphonie de la fin 2020 et du début 2021, qui suggèrent des rendez-vous ou conversations à des moments-clés avec des protagonistes du dossier, M. Sarkozy a évoqué quelques "coïncidences" et nié tout contact significatif avec la plupart des mis en cause. L'agenda judiciaire de M. Sarkozy, qui promeut actuellement son dernier livre "Le temps des combats", est très chargé. Outre le procès du financement libyen, il sera jugé en novembre en appel dans le dossier Bygmalion. gd-jpa-mk-clw/cal/gvy/dth
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