Au-dessus d'une foule en vert et or - couleurs de l'équipe nationale - qui a envahi l'aéroport de Johannesburg dès le début de la matinée, le capitaine Siya Kolisi a soulevé le trophée Webb-Ellis arraché samedi à l'issue d'une finale intense contre la Nouvelle-Zélande (12-11), provoquant une longue clameur jusque dans les étages saturés de fans du vaste bâtiment.
Kolisi, qui portait le drapeau sud-africain sur les épaules comme une cape, a salué de la main ces Sud-Africains, noirs et blancs réunis, et de toutes les générations rassemblés pour célébrer les nouveaux héros d'un pays oubliant pour un temps ses maux, entre économie morose, pénurie d'électricité et affaires de corruption.
"Nous les aimons tellement, ils nous rendent fiers", dit avec émotion à l'AFP Excellent George, 42 ans."On a beaucoup de problèmes dans notre pays, et le sport, en particulier le rugby, nous rassemble".
En Afrique du Sud, la discipline est l'une des plus populaires et rapporte régulièrement des trophées alors que l'équipe de football n'a pas triomphé depuis une victoire à la Coupe d'Afrique des nations en 1996, et celle de cricket n'a jamais remporté de Mondial.
Les Springboks ont ainsi été sacrés en France champions du monde pour la deuxième fois d'affilée, et quatre fois en tout, un record.
- "Chair de poule" -
Susan, une comptable de 56 ans qui n'a pas souhaité donner son nom, a pris un jour de repos pour venir féliciter l'équipe nationale."Je ne pouvais pas rater ça", dit-elle après avoir bravé en chemin la pluie et le froid.
"Nous avons des joueurs d'origines diverses et de toutes les ethnies", poursuit-elle."Les regarder sur le terrain nous apporte tellement d'espoir.Ça me donne la chair de poule rien que d'y penser".
Depuis que Nelson Mandela a adoubé les Springboks en 1995, l'année de leur premier titre mondial, le soutien à l'équipe est devenu un symbole d'unité dans le pays d'Afrique australe autrefois déchiré par les classifications raciales.
Dans la foule, certains portent des pancartes avec l'inscription "Amandla", expression signifiant "pouvoir" en langue locale et cri de ralliement contre l'apartheid, encore largement utilisé aujourd'hui en signe de contestation politique.
"Nous sommes champions du monde", souffle Ibrahim Peters, un enseignant de 35 ans qui semble encore ne pas y croire.Sa petite fille de six ans dans ses bras, il poursuit: "Nous traversons beaucoup d'épreuves en Afrique du Sud mais les Springboks nous unissent".
Un peu plus loin, un autre supporter tient la Une d'un journal local montrant une photo glorieuse des Springboks et le titre "Ecrit dans les étoiles".
"Ce triomphe a demandé six ans de préparation.Gagner la Coupe du monde en 2019 a été un bonus inattendu, mais l'objectif final a toujours été d'être champions en 2023", a souligné Siya Kolisi, qui va rejoindre cette saison le club français du Racing 92.
"J'ai connu ces joueurs lorsqu'ils étaient de mauvais garçons.Aujourd'hui, beaucoup sont pères de famille.L'Afrique du Sud peut être fière de ces hommes", a déclaré en conférence de presse le sélectionneur Jacques Nienaber.
Les Springboks entament jeudi une tournée à travers le pays en commençant par Pretoria, Johannesburg et Soweto, avant de rejoindre Le Cap.
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