Présidentielle à Madagascar: participation faible, boycott de l'opposition

Infos. Le premier tour de l'élection présidentielle jeudi à Madagascar semble avoir peu mobilisé sur fond de vives tensions entre le sortant Andry Rajoelina, confiant sur ses chances de l'emporter, et dix candidats de l'opposition qui ont appelé au boycott.

Présidentielle à Madagascar: participation faible, boycott de l'opposition
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Antananarivo (AFP)

Selon les première estimations, confiées à l'AFP par plusieurs sources de la commission électorale (CENI) qui n'ont pas souhaité être identifiées, la participation pourrait se situer sous la barre des 20%.Mais les calculs se poursuivaient en fin d'après-midi, ont-elles ajouté. 

Plus de onze millions d'inscrits devaient se décider entre M. Rajoelina, 49 ans, et douze autres candidats officiels, dont dix n'ont pas fait campagne et ont appelé les électeurs à boycotter ce rendez-vous.

Alors que la plupart des bureaux ont fermé et que le dépouillement a commencé, la participation ou non des électeurs favorables à l'opposition semble clé.Mais quel que soit le résultat, qui ne devrait pas être connu avant au moins une semaine, la crise politique risque de durer dans l'île de l'océan Indien. 

Le deuxième tour, si nécessaire, est prévu le 20 décembre.

"La seule voie démocratique (...) ce sont les élections", a déclaré Andry Rajoelina après avoir déposé son bulletin à Antananarivo.

Il s'est félicité de "voir que la population vote en masse" et a dénoncé "les gens qui essaient de semer des troubles et empêcher les élections".

Le candidat d'opposition Siteny Randrianasoloniaiko, ex-champion de judo, a dénoncé des irrégularités.À Androy (sud), "les bureaux sont littéralement fermés, il n'y a pas d'électeurs, on l'a fait constater par huissier", a-t-il dit.

- "C'est pas normal" -

A "Tana", la capitale, les électeurs se sont présentés en petits groupes, sans se presser.A la sortie d'isoloirs rudimentaires, ils repartent le pouce enduit d'encre indélébile vert-doré.

Dans le fief de l'opposant et ancien président Marc Ravalomanana, sur les hauteurs, la radio nationale hurle à tue-tête dans un bureau de vote. 

L'un baille et s'étire tandis que l'autre reste prostré le visage posé sur sa main: à deux heures de la fermeture du vote, seuls 18% des inscrits s'étaient présentés."C'est vraiment pas beaucoup", soupire un responsable en blazer, les mains posées sur une urne en plastique largement vide.

Dans le bureau où a voté le président sortant, Eugène Rakatomalala, 43 ans, chapeau en paille et barbichette, maugrée: "Je vote mais on sait bien que c'est pas normal.Il n'y a que quelques candidats qui ont fait campagne".

"Je suis inquiet parce qu'il y a des sortes de factions qui veulent seulement que le pays soit en désordre (...) Il faut aller de l'avant", témoigne Francky Randriananantoandro, étudiant en informatique. 

Dans les "bas quartiers", la cour de récréation défoncée d'une modeste école reste aussi quasiment déserte.Faraniaina Raharinirina, 66 ans, tête couverte d'un bob et long chapelet autour du cou, a tenu à venir voter, "par devoir".

Ici la participation plafonne à 30%, selon le décompte du bureau que l'AFP a pu consulter.

Elu depuis 2018, Andry Rajoelina avait déjà accédé une première fois au pouvoir en 2009 à la faveur d'une mutinerie chassant l'ex-président Ravalomanana. 

Dix opposants candidats, ralliés dans un collectif comptant deux ex-présidents et d'anciens ministres, ont dénoncé des manœuvres du pouvoir pour reconduire M. Rajoelina, réclamant une suspension du processus électoral.

Depuis début octobre, ils ont multiplié les appels à manifester dans la capitale, ne réunissant chaque fois que quelques centaines de partisans. 

Andry Rajoelina a sillonné le pays, parmi les plus pauvres de la planète, en hélicoptère ou avion privé, déployant d'importants moyens pour sa campagne. 

"C'est irresponsable d'inciter les électeurs à ne pas aller voter", avait fustigé sa porte-parole de campagne, Lalatiana Rakotondrazafy, accusant l'opposition de vouloir "saboter" le scrutin. 

La crise politique a été déclenchée en juin par la révélation de la naturalisation française, en toute discrétion, d'Andry Rajoelina en 2014. Selon l'opposition, il a dès lors perdu sa nationalité malgache et ne peut pas se présenter au scrutin.Mais la justice a refusé d'invalider sa candidature. 

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