"Le peuple malgache a choisi son président", a-t-il déclaré samedi en félicitant sur un ton grandiloquent les électeurs pour la "sagesse" de leur choix, peu après l'annonce des résultats de la commission électorale, qui doivent encore être validés par la Haute Cour constitutionnelle.
Quelques jours avant le scrutin du 16 novembre, il avait affirmé sans ambages, lors d'un entretien à l'AFP, qu'il n'y aurait qu'un tour à cette élection."Il n'y a qu'un seul homme aujourd'hui capable de diriger le pays", avait-il lâché.
Sous ses traits lisses de premier communiant, Rajoelina ne s'est laissé intimider pendant la campagne ni par les attaques en justice ni par les contestations régulières de la rue à l'appel de ses opposants, qui comptent des poids-lourds politiques tels que les ex-présidents Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina.
"Il y a toujours des gens qui essaient de semer des troubles à Madagascar", avait-il simplement regretté, sans se départir de son sourire, en allant déposer son bulletin de vote dans un bureau d'Antananarivo, accompagné de sa femme et ses trois enfants à l'allure impeccable.
Pendant plusieurs semaines et quasi quotidiennement avant le scrutin, dix candidats de l'opposition réunis en collectif ont manifesté avec des centaines de soutiens dans les rues de la capitale.Accusant le pouvoir de manœuvrer pour reconduire Rajoelina, ils ont dénoncé "un coup d'Etat institutionnel".
En juin, la presse avait révélé qu'Andry Rajoelina avait été naturalisé français en 2014, en toute discrétion. Selon l'opposition, cela devait l'empêcher de se présenter mais la justice a refusé d'invalider sa candidature.
Lui explique sur les chaînes de télévision et radio publiques avoir agi "par amour pour ses enfants", afin de faciliter leurs études à l'étranger.N'hésitant pas à invoquer Barack Obama, d'origine kényane par son père, ou encore Nelson Mandela, il minimise le débat qui enflamme l'île de l'océan Indien.
- "Mégalo totalitaire" -
Il continue à voler aux quatre coins du pays, en hélicoptère ou avion privé, pour prononcer des discours, soigneusement préparés et relus au surligneur, lors de meetings aux allures de grand spectacle où sont invitées des stars de la scène musicale locale.
Les foules se déplacent mais les critiques n'hésitent pas à dire que nombreux, parmi les milliers de fervents participants, sont payés pour venir.Certains s'interrogent aussi sur l'origine des importants moyens financiers du candidat et sa proximité avec de riches et influents hommes d'affaires.
"C'est un mégalo totalitaire", peste l'un de ses vieux ennemis en politique, sous couvert d'anonymat.
Qu'importe, Rajoelina continue à énumérer chaque école, route ou hôpital construits au cours des cinq dernières années, s'érigeant "président bâtisseur" dans un pays qui manque de tout et compte parmi les plus pauvres de la planète.
Avant d'entrer en politique, l'ambitieux jeune homme issu de la classe moyenne était plus connu pour les soirées qu'il animait au micro ou derrière les platines pour la jeunesse dorée de la capitale.
Il épouse une femme d'un milieu aisé, Mialy, et devient patron de sociétés publicitaires. A la trentaine, il décroche son surnom de "TGV", du nom de son parti (Tanora Gasy Vonona, jeunes Malgaches déterminés) et en raison de sa fulgurante ascension en politique.
En 2007, il crée la surprise en prenant la mairie d'Antananarivo au premier tour.Et à partir de fin 2008, ses partisans défient ouvertement le régime dans la rue et finissent, avec le soutien implicite des militaires, par chasser du pouvoir le millionnaire Marc Ravalomanana.
Interdits de candidature par la communauté internationale, ni Rajoelina, ni Ravalomanana ne se présentent à la présidentielle de 2013, remportée par Hery Rajaonarimampianina. Rajoelina est finalement élu en 2018.
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