Shukri Abdi Osman et ses trois enfants ont trouvé un abri dans un camp de réfugiés, avec quelque 700 autres familles déplacées par les inondations.
"Je n'avais jamais vu de telles inondations dévastatrices, tout s'est passé très vite.Quand on s'est rendu compte que l'eau arrivait, c'était trop tard pour prendre nos effets personnels.On est parti à minuit et tout ce qu'on a pu prendre avec nous, ce sont nos enfants", raconte-t-elle à l'AFP.
"Mon commerce c'est fini, ma propriété est démolie, avec ma maison cernée par l'eau", dit cette femme qui avait des projets d'extension de son activité de vente de fruits et légumes, au bord du fleuve Jubba, près de la frontière éthiopienne.
Et maintenant, le risque de maladie.
"Les toilettes ont été détruites et même l'eau du robinet est mélangée avec l'eau sale de l'inondation, qui contient des fuites de fosses septiques", raconte Shukri Abdi Osman."La situation est très dure maintenant dans le camp, ma fille ne se sent pas bien, elle a peut-être déjà attrapé le paludisme et le typhus".
Le gouvernement somalien a déclaré le 12 novembre l'état d'urgence après ce que l'ONU a qualifié d'"inondation du siècle", qui a coûté la vie à une centaine de personnes et privé 700.000 personnes de domicile.
Des pluies torrentielles liées au phénomène climatique El Niño ont frappé la Corne de l'Afrique qui sortait de la pire sécheresse qu'elle ait connue depuis quarante ans, laissant des millions de personnes dans le besoin et dévastant cultures et bétail.
La Somalie est l'un des pays les plus vulnérables au changement climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes y sont de plus en plus fréquents et intenses.D'octobre 1997 à janvier 1998, de gigantesques inondations, à la suite de pluies torrentielles causées par El Niño et faisant déborder le Jubba, avaient fait au moins 1.800 morts en Somalie.
Le pays doit faire face à cette nouvelle crise alors qu'elle tente déjà de lutter contre une grande pauvreté et une insurrection islamiste meurtrière.
La dernière inondation a balayé maisons, écoles, terres agricoles, routes et ponts, laissant les habitants sans abri, nourriture ou eau potable.
Selon Mohamed Dahir, responsable de l'eau pour l'ONG américaine Mercy Corps, les organisations humanitaires s'inquiètent désormais pour les personnes vulnérables aux maladies dans cette zone.
- "Un risque sérieux" -
"La possibilité d'une épidémie de paludisme est élevée en raison des moustiques, et il existe également des inquiétudes sur l'apparition de diarrhées aqueuses en raison de la contamination possible du système d'approvisionnement en eau", dit-il à l'AFP.
"Nous ne connaissons pas encore exactement le niveau de contamination mais nous avons constaté que les fosses septiques fuient et les toilettes détruites du quartier concerné contaminent les puits d'eau", ajoute-t-il.
Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), 33 districts ont été inondés, avec une augmentation significative des cas de diarrhée aqueuse et de choléra, et la progression du paludisme.Et l'eau stagnante autour des écoles crée "un risque sérieux" de maladies pour les élèves.
"Le plus important est de sauver la vie de nos enfants", dit à l'AFP Sadia Sharif Hassan, une mère quadragénaire de sept enfants, alors qu'elle est en train de demander au voisinage un récipient pour récupérer de l'eau.
"Les moustiques n'arrêtent pas et déjà plusieurs de mes enfants ne se sentent pas bien, ils souffrent de fièvre.Ils ont le corps couvert de piqûres", poursuit-elle, disant avoir du mal à trouver de quoi nourrir sa famille tous les jours.
Dans le quartier de Garboolow, Owliyo Mohamed Abdirahman, 70 ans, est presque tombée dans la boue en essayant de récupérer des effets personnels de sa maisonnette.Mais tout avait été balayé.
"Voilà ce qui reste de la maison où j'ai vécu avec mon fils aujourd'hui malade, son enfant et sa femme", dit-elle, désespérée."On a fui pour sauver notre peau et on n'a rien pris".
Tous doivent compter sur la nourriture et les vêtements que leur fournissent des donateurs.
Le commissaire de Garboolow, Mursal Mohamed Adan, affirme que les autorités attendent avec impatience l'aide des agences humanitaires."Dieu sait ce qui va suivre, mais nous avons peur que la pluie continue de provoquer de nouvelles inondations, et que cela ne fasse qu'aggraver la situation."
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