Sécheresse au Mali: des bêtes rachetées pour distribuer leur viande

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TOYA (Mali) (AFP)

En file indienne, des centaines d'habitants de Toya, dans le nord-ouest du Mali, patientent, un récipient à la main: c'est l'heure d'une distribution de viande organisée par le CICR qui achète aux éleveurs des milliers de bêtes affaiblies par la sécheresse, pour nourrir les populations.

Quatre vaches ayant perdu trop de poids, par manque de pâturages et d'eau, ont été égorgées la semaine dernière et des enfants hurlaient de joie, dans ce hameau, avant même de recevoir la viande.

"L'opération du Comité international de la Croix-Rouge est originale et bénéfique pour les populations mais aussi pour les éleveurs", affirme le représentant local du CICR, Mohamed Ali, interrogé par l'AFP dans cette localité de la région de Tombouctou (900 km au nord-est de Bamako).

"Avec la sécheresse, les bêtes n'ont plus à manger, à boire.Alors le CICR achète les animaux les plus faibles physiquement, les tue et distribue la viande aux populations nécessiteuses.L'éleveur est gagnant puisqu'il a de l'argent, les populations aussi", ajoute M. Ali, un ancien élu de la zone.

Dans le nord du Mali et le nord du Niger, le CIRC s'emploie à acheter "38.000 têtes de bétail à plus de 10.000 familles d'éleveurs et d'agriculteurs, touchées par les effets cumulés de l'insécurité et de la sécheresse", selon l'organisation.

A une vingtaine de kilomètres de Toya, un centre de santé.Les mères se présentent avec des enfants en pleurs.Il y a une distribution de viande, il faut en profiter.

"Il n'y a pas, ici, de véritables problèmes de malnutrition chez les enfants", affirme la "matrone" (sage-femme) Irma Coulibaly."Mais il faut que les grandes personnes trouvent à manger avant de pouvoir nourrir correctement les enfants".

Le long des routes, dans la région de Tombouctou, de nombreux cadavres d'animaux jonchent le sol.Morts de soif.Des mares qui contenaient habituellement de l'eau à cette période sont asséchées.Quelques oiseaux picorent du sable, avant de s'envoler nonchalamment.

"Il y a chez nous le sentiment d'impuissance.Tu vois une vache qui a soif.Tu ne peux rien.Elle meurt devant toi.Et tu es plutôt préoccupé par la nécessité de sauver le reste de ton troupeau", explique Atoume, jeune éleveur croisé dans la zone du Gourma, au nord du Mali.

Dans les régions de Gao et de Kidal, "c'est pire", explique Mahamane Dicko, conseiller municipal de la localité de Douenzta, située entre Mopti et Gao.

"Je viens de ces zones.Dans certaines localités, plus de 70% du bétail est décimé par la sécheresse", assure M. Dicko.

Pourquoi la sécheresse se fait-elle plus durement ressentir cette année dans le nord malien?Une source au ministère malien de l'Agriculture répond que "déjà, en 2009, les précipitations étaient faibles et pas du tout bien reparties, notamment dans le nord du Niger et du Mali.Mais, cette année, il y a plus de troupeaux".

Amadou Ag Mamoud, grand éleveur dans la région de Tombouctou, qui a du mal a sauvé son cheptel, dit aussi que "cette année, la pluviométrie a été très mauvaise et il y a eu plus d'animaux que de pâturages et d'eau".

Fin juin, le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) avait souligné que "les pluies erratiques pendant les deux dernières saisons de plantation avaient diminué les récoltes au nord-est du Mali".

Selon ses estimations, quelque 250.000 personnes vulnérables y recoivent "une assistance d'urgence de la part du gouvernement, du PAM et de ses partenaires humanitaires".

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