Algérie: poursuite du procès en appel de Saïd Bouteflika lundi

Infos. Le procès en appel de Saïd Bouteflika, frère de l'ex-président algérien Abdelaziz Bouteflika, ainsi que de deux ex-patrons du renseignement et d'une cheffe de parti, condamnés à 15 ans de prison pour complot contre l'armée et l'Etat, se poursuivra lundi.

Algérie: poursuite du procès en appel de Saïd Bouteflika lundi

Le procès, qui s'est ouvert dimanche matin à huis clos devant la Cour d'appel militaire de Blida, au sud d'Alger, a été suspendu à 18H00 (17H00 GMT) et reprendra lundi matin avec le réquisitoire et les plaidoiries, ont indiqué les avocats à l'AFP.La presse n'a pas été autorisée à suivre les débats. 

"Je suis confiant.Les choses ont été on ne peut plus correctes.Les débats ont été sereins, les questions posées correctement et les réponses l'ont été également.Aujourd'hui, il y a lieu d'être satisfaits", a déclaré à l'AFP Me Farouk Kessentini, l'avocat de l'un des prévenus, le général Mohamed Lamine Mediene, dit "Toufik". 

"Cela s'est passé normalement.Ils se sont défendus.On attend demain", a simplement commenté Me Miloud Brahimi, avocat de Saïd Bouteflika et du général Mediene.

Principal condamné, Saïd Bouteflika, 62 ans, l'influent conseiller spécial de son frère depuis l'élection de celui-ci à la présidence en 1999, avait vu son pouvoir se renforcer à mesure que déclinait la santé du chef de l'Etat, frappé par un AVC qui, en 2013, le laissa paralysé et aphasique.

Mais il est brusquement passé du statut de "président-bis" à celui d'accusé et ennemi de l'Etat après la démission forcée d'Abdelaziz Bouteflika en avril 2019 sous la pression du  mouvement de contestation populaire ("Hirak") qui ébranle le régime depuis le 22 février dernier.

A ses côtés dans le box de la Cour d'appel, se trouvait le général "Toufik" qui, jusqu'à son limogeage, a dirigé pendant 25 ans le tentaculaire Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), structurellement rattaché à l'armée, mais dans les faits véritable "Etat dans l'Etat".Au faîte de son pouvoir, il était surnommé le "Dieu de l'Algérie".

Egalement entendue dimanche, Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT, trotskiste).

En revanche, le quatrième accusé, le général Athmane "Bachir" Tartag, ex-bras droit de "Toufik", à qui il avait succédé en dirigeant la Coordination des Services de sécurité (CSS), structure ayant remplacé le DRS démantelé, a refusé de se présenter devant le tribunal militaire.

- "Dossier vide" -

Incarcérés depuis mai, les quatre accusés ont fait appel de leur condamnation à 15 ans de prison pour complots contre l'autorité militaire et contre l'autorité de l'Etat.

Le verdict avait été rendu le 25 septembre après un procès éclair à huis clos.

"Si le public avait eu accès à l'audience, il se serait aperçu (...) que l'affaire ne tient pas la route", avait déclaré samedi à l'AFP Me Kessentini.

Les quatre ex-hauts responsables sont accusés de s'être réunis en mars 2019 pour mettre au point un "plan de déstabilisation" du haut commandement de l'armée qui demandait alors publiquement le départ du président Bouteflika pour sortir de la crise née du "Hirak".Ce mouvement de contestation a éclaté après l'annonce il y un an jour pour jour de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika à un 5e mandat.

Selon l'accusation, Saïd Bouteflika entendait s'appuyer sur les ex-patrons du renseignement pour limoger le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, nommé en 2004 par M. Bouteflika et resté durant 15 ans un indéfectible soutien du chef de l'Etat.

Le 2 avril, Abdelaziz Bouteflika avait finalement démissionné, sous la pression de la rue et quelques heures après un ultimatum de l'état-major.

Pour de nombreux observateurs, les quatre accusés sont les vaincus d'une longue lutte de pouvoir ayant opposé sous la présidence Bouteflika l'état-major de l'armée et le DRS.

"Le dossier est complètement vide", a assuré à l'AFP Me Brahimi, estimant notamment que les "chefs d'inculpation" n'étaient "pas du ressort du tribunal militaire".

- "Complot" -

Dimanche, des partisans de Mme Hanoune se sont rassemblés près du tribunal pour réclamer sa libération.

Proche de "Toufik" et de la famille Bouteflika, Mme Hanoune reconnaît, selon sa défense, avoir rencontré Saïd Bouteflika, en présence de "Toufik" le 27 mars 2019, au lendemain d'un appel public du général Gaïd Salah au départ du pouvoir de M. Bouteflika.Mais elle nie tout complot.

Les jours suivants, Gaïd Salah avait publiquement dénoncé des "réunions" visant à "comploter" contre l'armée. 

Deux semaines après le départ de M. Bouteflika, il avait nommément accusé le général Mediene de "conspirer" contre l'armée.

La défense espère que le décès le 23 décembre à 79 ans de Gaïd Salah, qui a incarné la réalité du pouvoir entre le départ de M. Bouteflika et l'élection de son successeur Abdelmadjid Tebboune le 12 décembre, changera "la donne" du procès.

"Celui qui était à notre avis à l'origine de ces poursuites a rendu l'âme", a dit Me Kessentini en référence à Gaïd Salah.

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