La justice française a condamné Teodorin Obiang, vice-président du pays que dirige son père depuis 40 ans, à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d'euros d'amende.
Hôtel particulier, voitures de course et de luxe, costumes de marque par dizaines..."Teodorin", 50 ans, est le premier dirigeant africain a avoir été condamné en France dans l'affaire dite des "Biens mal acquis".
Sa condamnation en première instance en 2017, n'a pas freiné son goût d'un luxe ostentatoire.
Sur Instagram, par exemple, il continue de publier régulièrement des photographies de ses vacances passées sur de somptueux yatchs, nageant dans des eaux turquoises avec des requins, ou dansant sur un char au carnaval de Rio, entouré de danseuses.
Mais depuis quelques années, le fils du président s'est davantage investi dans la politique.La Constitution prévoit que le vice-président devient chef de l'Etat en cas de décès ou d'empêchement du président.Déjà chargé de la défense et de la sécurité, il a été promu en 2018 à de hautes fonctions militaires.Il multiplie les rencontres diplomatiques et a présidé fin 2018 son premier Conseil des ministres.Un signe tangible qu'il est bien sur la voie de succéder à son père, selon les observateurs de la vie politique équato-guinéeene.
- Goût du luxe -
Né en 1969, il a dix ans quand son père Teodoro Obiang renverse son oncle, le dictateur loufoque et sanguinaire, Francisco Macias Nguema.
Dans les années 80, il suit sa scolarité en France à la très sélect école des Roches en Normandie (nord-ouest), qui se targue d'accueillir les enfants "des dirigeants du monde entier".
Teodorin, fils prodigue déjà amateur de fêtes et de dolce vita à Paris, Rio ou Malibu, n'a pas 30 ans quand il est propulsé par son père à la tête du ministère des Forêts en 1997.C'est l'époque où son pays, jadis sans ressource, s'enrichit brutalement grâce au pétrole.
En poste jusqu'en 2012, Teodorin passe alors pour le parrain du bois, l'autre richesse de la Guinée équatoriale, à cheval sur l'île de Malabo et sa partie continentale dans le golfe de Guinée.
Au tournant des années 1990/2000, il ouvre sa porte à une équipe de télévision française à Paris dans une suite de l'hôtel Bristol, sur les Champs-Élysées.
Grands crus, escapade au volant de ses Bentley, Rolls, Ferrari, Lamborghini, achat de 30 costumes d'un coup chez des tailleurs célèbres..."Je cherche toujours quelque chose d'exceptionnel", lance-t-il devant la caméra.
Quinze ans plus tard, l'éternel célibataire au look de rock-star (lunettes noires, cheveux lisses, barbe taillée) est poursuivi pour s'être constitué en France, un patrimoine digne d'un pharaon moderne.
Pièce maîtresse: un hôtel particulier de 4.000 m2 à Paris avenue Foch - le quartier des Champs-Élysées -, où le prix du m2 se négocie entre 10.000 et 15.000 euros.
Lundi, la justice française a confirmé la confiscation de l'ensemble des biens saisis, dont le somptueux hôtel particulier, qui reste toutefois suspendue à une décision de la Cour internationale de justice (CIJ).
- 25 bolides en Suisse -
En Suisse, 25 de ses bolides avaient été saisis après l'ouverture d'une procédure pénale à son encontre.Elle a été classée en février 2019.En échange, les voitures ont été vendues pour un montant de 21 millions d'euros, et cette somme a été reversée à un programme à caractère social en Guinée équatoriale, sous le contrôle du ministère suisse des Affaires étrangères.
Teodorin soigne sa popularité dans son pays, où le revenu moyen par habitant - 9.000 dollars par an, un des plus élevés en Afrique - masque d'énormes inégalités.Une grande partie des quelque 1 million d'habitants vit encore sous le seuil de pauvreté.
Il porte le surnom de Père Noel, distribuant à tour de bras des cadeaux à ses concitoyens lors des fêtes de fin d'année.Sans compter.
Doyen des chefs d'État en fonction dans le monde, son père, 77 ans, l'a promu vice-président en juin 2016, juste après sa réélection avec le score habituel de plus de 90% des voix.
Estimant que ce statut lui conférait l'immunité diplomatique, Obiang fils a tenté d'éviter la justice française, saisissant en vain la Cour internationale de justice (CIJ), qui doit toutefois encore se prononcer sur le statut de l'hôtel particulier de l'avenue Foch, présenté par Malabo comme le siège de sa mission diplomatique.Une série d'audiences opposant Malabo à Paris est prévue à la Haye, siège de la CIJ, la semaine prochaine, du 17 au 21 février.
Comme en première instance, Teodorin Obiang n'a pas assisté lundi à son procès, dénoncé comme une ingérence.Quarante minutes après sa condamnation, il a posté sur les réseaux sociaux une vidéo filmée à Malabo: lui, sur une moto de luxe.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.