Cette résolution est la première approuvée par le Conseil depuis le début le 4 avril 2019 de l'offensive du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est libyen, contre Tripoli, le siège du Gouvernement d'union (GNA) reconnu par l'ONU.
Mais, sur le terrain, le texte qui appelle notamment à la consolidation d'une trêve fragile observée depuis un mois, n'a pas abouti jeudi aux résultats escomptés, au moins dans l'immédiat.
Au contraire, les violences ont monté d'un cran aux alentours de Tripoli: l'aéroport de Mitiga, le seul fonctionnel de la capitale, a annoncé une nouvelle suspension des vols après la chute d'une roquette, tandis que des combats ont repris au sud de l'agglomération.
Des témoins ont entendu l'explosion de roquettes dans la région de Machrou Al-Hadhba, une zone agricole à une trentaine de kilomètre du centre-ville.
D'autres roquettes ont atterri dans des quartiers résidentiels, tuant une femme et blessant quatre autres civils, selon le porte-parole du ministère de la Santé du GNA, Amin al-Hachimi.
- "Attaque repoussée" -
Interrogé par l'AFP, le porte-parole des forces du GNA a confirmé des combats à Machrou Al-Hadhba, banlieue parsemée de fermes.
Ce porte-parole, Moustafa al-Mejii, a accusé les forces pro-Haftar d'avoir violé de nouveau la trêve décrété le 12 janvier.
"Les milices de Haftar ont tenté d'avancer dans la région de Machrou al-Hadhba mais nos forces ont repoussé l'attaque", a-t-il ajouté.
Malgré cette trêve, des combats sporadiques ont lieu quotidiennement près de Tripoli et les armes continuent d'affluer dans le pays, malgré des engagements pris lors d'un sommet international à Berlin le 19 janvier.
La résolution onusienne adoptée mercredi soir affirme notamment "la nécessité d'un cessez-le-feu durable en Libye, à la première occasion et sans pré-conditions".
Elle réclame à cet effet la poursuite des négociations de la commission militaire conjointe créée en janvier et réunissant les deux camps, pour aboutir à un "cessez-le-feu permanent" incluant un mécanisme de contrôle, une séparation des forces et des mesures de confiance.
Réunie à Genève, cette commission s'est séparée samedi sans accord, l'ONU proposant de reprendre les discussions à partir du 18 février.
Le texte de la résolution, rédigé par le Royaume-Uni, a été approuvé par 14 voix sur 15, la Russie s'abstenant.
Londres a choisi de maintenir dans le texte la mention de la "préoccupation (du Conseil) devant l'implication croissante de mercenaires en Libye", objet la semaine dernière d'un blocage des négociations, Moscou réclamant de remplacer le mot "mercenaires" par "combattants terroristes étrangers".
- Mercenaires russes -
La Russie est accusée depuis plusieurs mois d'avoir soutenu l'acheminement en Libye de milliers de mercenaires du groupe privé Wagner réputé proche de la présidence russe, au profit du maréchal Haftar.Moscou a nié tout rôle dans la présence de ces mercenaires russes.
La Turquie est accusée de son côté d'avoir envoyé des centaines de combattants syriens pro-turcs en appui aux troupes du GNA.
Le texte de la résolution entérine aussi les conclusions du sommet de Berlin qui demandait aux Etats membres de s'abstenir de toute interférence dans le conflit.
En dépit d'un embargo sur les armes imposé pour ce pays depuis 2011, date de la chute du régime de Mouammar Kadhafi, les violations se sont poursuivies, le patron de l'ONU Antonio Guterres les qualifiant récemment de véritable "scandale".
Fin 2019, un rapport onusien avait ciblé à ce sujet les Emirats Arabes Unis, la Turquie et la Jordanie et identifié plusieurs groupes armés du Soudan et du Tchad.
Outre le cas de la Russie, le maréchal Haftar est soutenu par les Emirats arabes unis, l'Egypte et la Jordanie, le GNA de Fayez al-Sarraj par la Turquie.
Depuis avril, les affrontements ont causé la mort de plus de 1.000 personnes tandis que 140.000 ont été déplacées, selon l'ONU.
Dans un communiqué, Human Rights Watch (HRW) a accusé jeudi les forces pro-Haftar d'avoir fait usage de bombes à fragmentation dans un quartier résidentiel de Tripoli le 2 décembre.
Leur utilisation "témoigne d'un mépris absolu pour la sécurité des civils", a déclaré Stephen Goose, un responsable de cette ONG de défense des droits humains.
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