L'un des premiers soutiens du chef de l'Etat, le ministre de la Fonction publique Gilbert Bawara, a assuré dimanche à l'AFP que "la victoire est acquise" après le scrutin qui s'est déroulé samedi dans le calme.
"L'avance du président Faure Gnassingbé est largement au-dessus de 50% et même au dessus de 60%", a-t-il ajouté, évoquant une "avance irrattrapable".
"En effectuant nous-mêmes nos compilations, nous sommes extrêmement optimistes et dans l'attente d'une nette et éclatante victoire dès le premier tour", a-t-il déclaré, affirmant se baser sur les procès verbaux recueillis "dans la totalité des bureaux de vote" à travers le pays.
M. Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassigbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo pendant 38 ans, a été réélu depuis lors de scrutins très contestés par l'opposition.
L'outsider de l'opposition Agbéyomé Kodjo, ancien Premier ministre et président de l'Assemblée nationale, a lui réuni la presse à son domicile dans la nuit de samedi à dimanche pour dénoncer des fraudes, assurant lui aussi être largement en tête du scrutin.
"Vu les dénonciations de fraudes qui ont émaillé ce scrutin, il est impossible au candidat sortant - le président Faure Gnassingbé - d'être élu au 1er tour", a déclaré M. Kodjo à la presse, affirmant se baser sur "plus de 60% des résultats".
"J’ai la conviction que dans la semaine à venir, je dirigerai ce pays", a-t-il ajouté, assurant que le vote a été "un véritable tsunami" en sa faveur.
Le candidat du Mouvement patriotique pour le développement et la démocratie (MPDD) avait créé la surprise samedi lors du dépouillement, notamment à Lomé, la capitale, où il a devancé l'Alliance nationale pour le changement (ANC), le parti du leader historique de l'opposition, Jean-Pierre Fabre.
M. Kodjo affirme avoir une large avance dans les régions Maritime (Sud) et Plateaux (centre-sud), être au coude à coude le parti au pouvoir Union pour la République (Unir) dans le centre et avoir réalisé de très bons scores dans les Savanes (nord).
Son domicile, ainsi que celui de son principal soutien, l'ancien archevêque de Lomé, Mgr Kpodzro, ont ensuite presque aussitôt été encerclés pendant quelques heures par les forces de l'ordre, qui ont affirmé vouloir "garantir leur sécurité".
Le vote s'est déroulé samedi sans violences, mais la société civile a recensé des bourrages d'urnes et des inversions de résultats.
Des délégués de l'opposition se sont également vus refuser les accès dans certains bureaux de vote et internet a été coupé par intermittence dans la capitale ou totalement dans certaines régions sensibles, même si le gouvernement a démenti être à l'origine de cette situation.
Ces incidents s'ajoutent au retrait d'accréditation de nombreux observateurs de l'Eglise et de la société civile ainsi qu'à l'abandon du système de sécurisation électronique des résultats quelques jours avant le vote.
Le pouvoir a dénoncé des tentatives d'"ingérence étrangère" dans le système baptisé Sincère qui devait permettre une compilation électronique des PV et décidé de ne pas s'en servir pour éviter "tout piratage".
- "Vote sanction pour Fabre" -
La Céni a promis dans un communiqué que les résultats officiels tomberaient au plus tard lundi, mais ils pourraient être annoncés dès dimanche soir, selon des informations obtenues par l'AFP.
Une chose est certaine, c'est que Kodjo a en effet siphonné les voix de l'opposition traditionnelle de l'ANC, qui a d'ailleurs reconnu sa défaite dès samedi soir, par un bref communiqué.
C'est un coup de massue pour son leader Jean-Pierre Fabre, rival historique du chef de l'Etat, à qui on reproche de ne pas avoir su tirer profit des manifestations monstres de 2017-2018 où des dizaines de milliers de personnes sont régulièrement descendues dans les rues pour demander la démission de "Faure".
"Vous avez vu non, on a donné nos votes à Agbeyome.C'est un vote sanction pour Fabre.On l'a soutenu en 2005, en 2010, en 2015 et il nous a trahi", déclaraient des électeurs surexcités à Bè, quartier de Lomé acquis à l'opposition.
Les candidats de l'opposition avaient assuré qu'ils s'allieraient en cas de second tour pour faire barrage au président sortant, mais aucun n'a fait de déclaration officielle dans ce sens depuis la fermeture des bureaux de vote.
La possibilité d'un second tour, si aucun des candidats n'obtient de majorité, pourrait être préjudiciable pour Faure Gnassingbé, mais ce scénario reste peu probable dans un pays où le parti au pouvoir garde un ancrage extrêmement important à tous les postes administratifs et au sein du pouvoir traditionnel.
"Dire non à Unir, c'est refuser de manger", expliquait à l'AFP un cadre associatif de Dapaong, dans l'extrême nord du pays, pendant la campagne.
Dimanche, la situation était calme dans la capitale, et en matinée les habitants se sont rendus à l'église comme à l'accoutumée, ont constaté des journalistes de l'AFP.
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