Algérie: pour Khaled Drareni, la liberté de la presse doit être "intouchable"

Infos. Sitôt libéré, le journaliste algérien Khaled Drareni, emprisonné pendant presque un an pour avoir couvert une manifestation, se dit déterminé à reprendre le métier de journaliste et son combat pour la liberté de la presse, dans un entretien à l'AFP.

Algérie: pour Khaled Drareni, la liberté de la presse doit être "intouchable"

"J'espère que ma prison va contribuer à renforcer la liberté de la presse en Algérie et en faire une liberté sacrée, intouchable", affirme M. Drareni.

Incarcéré en mars 2020, l'ancien présentateur vedette est sorti de prison samedi soir à la suite de la grâce décrétée par le président Abdelmadjid Tebboune en faveur de détenus du Hirak, le soulèvement populaire né en février 2019.

Accueilli par une foule d'amis et de sympathisants devant la prison de Koléa, en banlieue d'Alger, Khaled Drareni, 40 ans, est apparu en meilleure forme que lors du procès en septembre, quand on l'avait vu très amaigri.

"Je me sens très bien, en bonne santé, ravi de retrouver les miens.La prison a duré un peu plus longtemps que prévu mais je suis très heureux", a-t-il par la suite confié à l'AFP.

Dans le salon de la maison familiale à Alger, où il a retrouvé ses parents, le journaliste, qui a bénéficié d'une campagne de solidarité internationale, apparaît serein et souriant.

Le journaliste s'est fait connaître en Algérie grâce à son passage de présentateur à la télévision privée, mais aussi pour son activisme sur les réseaux sociaux, où il a partagé photos, slogans et déclarations en direct des défilés du Hirak.

Il reçoit dans une atmosphère détendue proches, amis, militants et même des inconnus venus témoigner leur respect.

Parmi eux, des compagnons de lutte: le journaliste et ex-détenu Fodil Boumala, le jeune militant Walid Kechida, emprisonné pour des mèmes critiques à l'égard du régime, ou encore le directeur du percutant site satirique El Manchar.

Condamné mi-septembre à deux ans de prison ferme pour "incitation à attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale", le journaliste indépendant clame n'avoir fait que son métier.

Il a été accusé par les autorités d'avoir travaillé pour un média étranger sans accréditation, une procédure bureaucratique erratique en Algérie, mais aussi et plus gravement d'être un "khabarji" (informateur) à la solde "de parties étrangères" (non précisées).  

- "Combat universel" -

Désormais libre, cet "éternel optimiste" --tel qu'il se décrit-- entend reprendre comme avant ses activités de journaliste auprès du site d'information Casbah Tribune, qu'il a fondé, et de TV5Monde, dont il est le correspondant en Algérie.

Il anime aussi l'émission Café presse politique (CCP) de la webradio Radio M.

Et il note qu'il ne renoncera pas à poursuivre son engagement pour la liberté de la presse, lui qui est le correspondant de Reporters Sans Frontières (RSF). 

"Je ne sais qu'être journaliste.C'est la profession que j'exerce avec fierté et bonheur depuis 15 ans et je suis heureux de revenir à cette formidable profession", assure-t-il.

A ce jour, sa liberté n'est que provisoire puisque le pourvoi en cassation qu'il a introduit sera examiné ce jeudi par la Cour suprême.

Son cas est devenu emblématique du combat pour la liberté de presse et d'expression, mise à mal par une série de condamnations et un arsenal juridique très restrictif pour la presse en ligne et les réseaux sociaux. 

"Un journaliste ne mérite pas d'aller en prison.J'espère que je suis le dernier journaliste algérien qui entre en prison", plaide Khaled Drareni.

Malgré la libération récente d'une quarantaine de détenus d'opinion, une trentaine de personnes sont toujours en prison pour des faits liés au Hirak et/ou aux libertés individuelles, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

"Je pense que le combat de la liberté de la presse est un combat de tous les jours et dans tous les pays", estime M. Drareni."Il doit être un combat universel et je suis prêt à mener ce combat en tant que journaliste algérien."

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