Après une pause d'un mois, le retour aux "maandamano" ("manifestations", en swahili) lancées par l'opposant historique Raila Odinga contre le président Ruto - qu'il accuse d'avoir "volé" la présidentielle d'août 2022 et d'être incapable de juguler l'actuelle flambée des prix - s'est déroulé sans incident majeur. Une précédente série de manifestations, les 20, 27 et 30 mars, avaient donné lieu à des affrontements, pillages et actes de vandalisme. Trois personnes, dont un policier, avaient été tués. La coalition d'opposition Azimio a condamné la dispersion mardi matin avec du gaz lacrymogène d'une délégation d'élus qui souhaitait déposer au bureau du président une pétition sur le coût "inacceptablement élevé" des produits alimentaires, du carburant et de l'électricité. La journée de mardi, pour laquelle les manifestations avaient été interdites, a donné lieu à des heurts et incidents isolés. Dans certains bidonvilles de la périphérie de Nairobi, des échauffourées ont opposé police et jeunes qui barraient des rues avec des pneus enflammés. Un bus vide et un camion de transport de marchandises ont également été incendiés dans le sud de la capitale. A Kisumu, bastion d'Odinga dans l'ouest du pays, des routes ont été barrées avec des pneus en feu et des rochers. Le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki, a fait état dans un communiqué d'actes de violence et de pillages menés par "des hordes de criminels se faisant passer pour des manifestants politiques", affirmant que les forces de l'ordre "ont pour instruction de faire appliquer la loi de manière ferme et décisive". Un total de 46 personnes ont été arrêtées mardi, selon le ministre. Dans un communiqué, Azimio a dénoncé un déploiement policier massif "pour nous empêcher de poursuivre nos manifestations" et accusé le gouvernement d'envoyer des "hooligans" pour déclencher "le chaos" et décrédibiliser leur mouvement. Ces journées d'action avaient été suspendues afin de permettre des discussions entre les deux camps, mais le processus s'est enlisé, achoppant notamment sur la composition des délégations. Malgré le rejet de son recours par la Cour suprême, Raila Odinga, qui concourait pour la cinquième fois à la magistrature suprême, conteste également les résultats de la présidentielle d'août dernier, l'une des plus serrées de l'histoire du pays. Elu en se faisant le hérault des "débrouillards" du petit peuple, William Ruto fait depuis face aux critiques, notamment après avoir supprimé des subventions coûteuses sur les carburants et la farine de maïs, dont les prix ont augmenté dans la foulée. Locomotive économique de l'Afrique de l'est, le Kenya fait face à une inflation galopante, qui a atteint 9,2% sur un an en février. Les seuls prix des produits alimentaires ont augmenté de 13,3%. Le pays combat également une dépréciation du shilling kényan et une sécheresse inédite dans certaines parties du pays.
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