Un témoin rapporte à l'AFP des "bruits d'affrontements et d'explosions autour du siège de la télévision publique", dans la banlieue nord de Khartoum."Des avions militaires survolent" la capitale, raconte un autre habitant.
L'armée et les paramilitaires s'accusent mutuellement d'ignorer la trêve sans cesse violée.Elle permet surtout des évacuations sécurisées de civils et la poursuite de négociations indirectes à l'étranger, selon des experts.
A 850 kilomètres à l'est de Khartoum, le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU est arrivé à Port-Soudan, ville côtière épargnée par les combats.Martin Griffiths est venu "réaffirmer l'engagement de l'ONU auprès du peuple soudanais", a-t-il tweeté, alors que les premières cargaisons d'aide humanitaire arrivent au compte-goutte dans le pays, l'un des plus pauvres au monde où un habitant sur trois dépendait déjà de l'aide humanitaire avant la guerre.
Le Soudan du Sud a lui annoncé "un accord de principe" sur une trêve "du 4 au 11 mai" entre le chef de l'armée, Abdel Fattah al-Burhane, et son numéro deux, Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), qui se livrent une lutte acharnée pour le pouvoir depuis le 15 avril.Aucune des deux parties n'a réagi à cette annonce.
- "Région affectée" -
Les combats, surtout à Khartoum et au Darfour (ouest), ont fait plus de 500 morts et des milliers de blessés, selon un bilan sous-estimé, et déplacé plus de 330.000 personnes.Au moins, 100.000 autres ont rejoint les pays voisins, selon l'ONU qui s'attend à huit fois plus de réfugiés.
Experts et capitales voisines craignent désormais les répercussions du conflit.Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, estime que "toute la région pourrait être affectée"."Nous faisons tout notre possible pour que des discussions aient lieu", a-t-il déclaré au journal japonais The Asahi Shimbun, en marge d'une visite du Premier ministre japonais, Fumio Kishida, au Caire.
Le chef de l'Etat égyptien rappelle que son pays accueille "déjà des millions de Soudanais" et d'autres réfugiés alors qu'il fait déjà face à "une forte inflation et à une envolée des prix des produits de première nécessité".
Les Soudanais restés à Khartoum sont confrontés à d'importantes pénuries, notamment d'eau, d'électricité et de nourriture, une "catastrophe" selon l'ONU.Les étrangers continuent d'être évacués par centaines, surtout via Port-Soudan.
Sur le front diplomatique, Juba n'est pas seul à la manoeuvre.L'émissaire de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, affirme que les deux belligérants se sont dits prêts à "entamer des discussions techniques" pou un cessez-le-feu uniquement, probablement en Arabie saoudite.
- "Pression stratégique" -
Aujourd'hui en guerre, les deux généraux avaient mené ensemble le putsch de 2021 pour évincer les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute du dictateur Omar el-Béchir deux ans plus tôt. Mais ils ne sont pas parvenus à s'accorder sur la question de l'intégration des FSR dans l'armée.
Un émissaire du général Burhane s'est rendu ces derniers jours à Ryad puis au Caire.L'Union africaine (UA) appelle de son côté à éviter "une action dispersée" qui empêcherait une "reprise du processus politique".
Pour Ernst Jan Hogendoorn, spécialiste du Soudan au Atlantic Council, la communauté internationale doit "mettre une pression de façon stratégique" en gelant les comptes bancaires et en bloquant les activités commerciales des belligérants pour réduire leurs capacités à "combattre et se réapprovisionner".
Au-delà de Khartoum, l'ONU s'inquiète de la situation au Darfour-Ouest, frontalier du Tchad, où les violences ont fait selon elle une centaine de morts depuis la semaine dernière, dans une région déjà traumatisée par une guerre sanglante dans les années 2000.
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