Vingt-et-un nouveaux corps ont été découverts mardi, ont annoncé les enquêteurs, portant à 133 le nombre des morts dans le "massacre de la forêt de Shakahola", dont la révélation a suscité effroi et incompréhension dans ce pays religieux d'Afrique de l'Est. Il ressort des autopsies pratiquées sur 112 corps que la plupart des victimes sont mortes de faim, vraisemblablement après avoir suivi les prêches de Paul Nthenge Mackenzie, le pasteur autoproclamé de l'Eglise Internationale de la Bonne Nouvelle qui prônait de jeûner "pour rencontrer Jésus". Certaines victimes - dont des enfants - ont toutefois été étranglées, battues ou étouffées, avait dit la semaine dernière le chef des opérations médico-légales, Johansen Oduor. - "Des organes manquants" - Les enquêteurs ont confié mardi qu'ils pensaient découvrir de nouveaux cadavres dans les prochains jours. "Nous avons exhumé 21 corps aujourd'hui de neuf tombes et cet exercice continuera demain", a déclaré la préfète de région Rhoda Onyancha. Ces dernières exhumations portent le nombre total des morts à 133 pour l'instant, a-t-elle ajouté. Les autopsies ont permis de relever qu'il y avait "des organes manquants sur certains des corps (...) exhumés", peut-on lire dans un document judiciaire consulté mardi l'AFP. Dans ce document daté de lundi, le Directoire des enquêtes criminelles (DCI) évoque "un trafic d'organes humains bien coordonné impliquant plusieurs acteurs", sans plus de détails. Le DCI a demandé le gel de comptes bancaires du célèbre pasteur Ezekiel Odero, arrêté le 28 avril dans le cadre de cette affaire et libéré sous caution jeudi. Cet homme influent a reçu d'"énormes montants en espèces", ayant émané, d'après le DCI, d'argent versé par des fidèles à Mackenzie qui leur avait demandé de vendre leurs propriétés. Un tribunal de Nairobi a ordonné lundi le gel pendant 30 jours de plus de 20 comptes appartenant à Ezekiel Odero. - "Crime hautement organisé" - Les recherches de corps, suspendues la semaine dernière en raison du mauvais temps, ont repris mardi à Shakahola. Les enquêteurs y fouillaient une vingtaine de nouvelles fosses communes qui "pourraient contenir plusieurs victimes", a dit le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki, présent sur place. "Je crains que nous ayons beaucoup plus de tombes dans cette forêt et cela nous amène à conclure qu'il s'agissait d'un crime hautement organisé", a ajouté le ministre, précisant que 65 personnes ont été jusqu'à présent retrouvées vivantes. "Ce que nous avons ici à Shakahola est l'une des pires tragédies que notre pays ait jamais connues", a-t-il estimé. Ancien chauffeur de taxi devenu pasteur au début des années 2000, Paul Nthenge Mackenzie va être poursuivi pour "terrorisme", ont annoncé le 2 mai les procureurs. Un tribunal de la ville de Mombasa doit se prononcer mercredi sur la prolongation pour 90 jours de sa détention et de celle de 17 autres accusés, dont son épouse. Ce massacre a ravivé le débat sur l'encadrement des cultes au Kenya, un pays en majorité chrétien qui compte 4.000 "églises", selon des chiffres officiels. Ce scandale a également placé les autorités sous le feu des critiques pour ne pas avoir empêché les agissements du pasteur Mackenzie, pourtant arrêté à plusieurs reprises pour ses prêches extrêmes. Il s'était rendu aux autorités le 14 avril, lorsque la police était entrée dans la forêt de Shakahola, où quelque 50 fosses communes ont été découvertes pour l'instant.
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