Pillages et combats ont continué pour le 25ème jour consécutif à Khartoum, tandis que des centaines de membres des tribus Beja ont manifesté à Port-Soudan, une ville côtière à 850 kilomètres à l'est de la capitale, réclamant des armes pour combattre aux côtés de l'armée.
"Les Beja sont prêts à être armés", a lancé Mahmoud al-Bichari, l'un des organisateurs de la manifestation alors que la foule scandait "non aux négociations".
Depuis le 15 avril, la guerre oppose le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, au général Mohamed Hamdane Daglo, commandant des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), devenus rivaux après avoir mené ensemble le putsch d'octobre 2021.
"Avec la guerre qui se prolonge et l'insécurité qui s'installe, il y a un risque croissant que les gens commencent à s'armer localement ou que l'armée essaie de former une milice pour contrer les FSR", explique à l'AFP l'analyste soudanais Magdi Gizouli, du Rift Valley Institute.
- 700.000 déplacés -
Le conflit a déjà fait plus de 750 morts et 5.000 blessés.
Près de 150.000 réfugiés ont quitté le pays tandis que les déplacés à l'intérieur du Soudan sont désormais plus de 700.000, selon l'ONU, plus du double par rapport aux 340.000 comptabilisés mardi dernier.
Beaucoup ont fui Khartoum, une ville de cinq millions d'habitants où ceux qui restent vivent désormais barricadés chez eux.
Sans eau ni électricité, avec des stocks de nourriture quasiment à sec et de moins en moins d'argent, ils survivent sous une chaleur écrasante grâce à des réseaux de solidarité entre voisins et proches.
Mardi, des combats ont eu lieu dans différents quartiers, selon des témoins.
Au début du conflit, l'armée avait affirmé que "des sommes astronomiques" avaient été volées lors de combats autour d'une agence de la Banque centrale.
Mardi, la fédération des banques soudanaises a reconnu que des "pillages" ont touché "certaines banques à Khartoum", mais affirmé que les économies des Soudanais sont "entièrement préservées".
Le réseau téléphonique ou internet va et vient au gré des efforts des compagnies de télécommunications qui peinent à trouver du carburant pour faire tourner les générateurs.
Quasiment plus aucun hôpital ne fonctionne et la majorité des réserves humanitaires ont été bombardées ou pillées.Tout comme au Darfour, dans l'ouest du pays, frontalier du Tchad.
Avant la guerre, un Soudanais sur trois souffrait de la faim.Si la guerre se poursuit, jusqu'à 2,5 millions de personnes supplémentaires auront faim quotidiennement, prévoit l'ONU.
Quant aux "pré-discussions", uniquement "techniques", sur un cessez-le-feu temporaire que les deux camps doivent tenir à Jeddah, en Arabie saoudite, elles n'avaient connu "aucun progrès majeur" lundi.
Mardi, rien n'a filtré de ces discussions.
- Impact sur les pays voisins -
Pour Kholood Khair, spécialiste du Soudan, "ces pourparlers sont plus un leurre qu'une vraie plateforme pour trouver des solutions" et n'accoucheront pas d'"un cessez-le-feu qui tiendra".
Parallèlement aux Américains et aux Saoudiens, l'Union africaine, qui a suspendu le Soudan en 2021, et l'Igad, le bloc régional d'Afrique de l'Est dont fait partie le pays, tentent d'organiser des discussions sous l'égide du président du Soudan du Sud, Salva Kiir.
Ce dernier a reçu lundi à Juba un émissaire du général Burhane.
Le conflit "menace l'approvisionnement en nourriture et en biens de première nécessité du Soudan du Sud ainsi que ses exportations pétrolières qui passent par Port-Soudan", sur la mer Rouge, un débouché vital pour ce pays enclavé, a rappelé mardi Hanna Serwaa Tetteh, l'envoyée spéciale de l'ONU pour la Corne de l'Afrique.
L'ONU a prévenu que sur les 800.000 réfugiés sud-soudanais installés au Soudan, 200.000 pourraient faire le chemin en sens inverse.
"Un défi", a averti Mme Tetteh, pour le Soudan du Sud, où "les deux tiers de la population a déjà besoin d'aide humanitaire".
Mardi, le chef de la diplomatie égyptienne Sameh Choukri a rendu visite à M. Kiir, après avoir dénoncé la veille "la tragédie humaine" du conflit et son "impact direct sur les pays voisins".
L'Egypte a accueilli plus de 70.000 réfugiés, le Tchad et le Soudan du Sud en ont accueilli au moins 57.000.
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