"Nous avons été réveillés par des explosions et des tirs d'artillerie lourde", rapporte à l'AFP un habitant d'Omdourman, une ville de la banlieue de Khartoum.
Dans la nuit, d'autres témoins dans différents quartiers de Khartoum ont entendu deux énormes explosions.Plus tard, des Soudanais ont signalé des combats de rue dans le nord de la capitale, qui compte cinq millions d'habitants.
Des habitants d'El-Obeid, à 350 km à l'ouest de Khartoum, ont également fait état d'affrontements et d'explosions dans leur ville.
L'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) menés par le général Mohamed Hamdane Daglo ont envoyé samedi des négociateurs à Jeddah, en Arabie saoudite, pour des "discussions préalables" uniquement "techniques" portant sur des couloirs sécurisés pour l'aide humanitaire.
Mais jusqu'ici aucune annonce n'a été faite.Le responsable de l'ONU pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths, arrivé dimanche à Jeddah, est déjà reparti.
Il a proposé aux deux parties de s'engager à "garantir le passage de l'aide humanitaire" via une déclaration de principe, selon l'ONU.
Depuis le début du conflit le 15 avril, les combats ont fait plus de 750 morts et 5.000 blessés, selon des ONG et les autorités.
L'ONU estime à près de 177.000 le nombre de personnes qui se sont réfugiées dans les pays voisins, selon un dernier bilan, tandis que le nombre de déplacés à l'intérieur du Soudan dépasse désormais les 700.000, soit plus du double des 340.000 recensés il y a une semaine.
Ceux qui restent à Khartoum vivent barricadés chez eux.Sans eau ni courant, avec très peu de nourriture et de moins en moins de liquidités, ils survivent sous une chaleur écrasante grâce à des réseaux de solidarité entre voisins et proches.
- 80.000 femmes déplacées -
Face à l'urgence, la communauté internationale appelle les deux généraux à laisser entrer l'aide humanitaire et à permettre aux civils pris sous les feux croisés de se mettre à l'abri.
Quasiment plus aucun hôpital ne fonctionne dans la capitale où, selon l'ONU, "24.000 femmes doivent accoucher dans les semaines à venir" et parmi les déplacés, alerte la même source, "plus de 80.000 sont des femmes, dont 8.000 sont enceintes".
Avant la guerre, un Soudanais sur trois souffrait de la faim.Si la guerre se poursuit, jusqu'à 2,5 millions de personnes supplémentaires auront faim quotidiennement, prévoit l'ONU.
Selon un correspondant de l'AFP, deux avions saoudiens chargés d'aide humanitaire ont atterri mardi dans la ville côtière de Port-Soudan (est), épargnée par les violences, où l'ONU et de plus en plus d'ONG tentent de négocier l'acheminement de ces cargaisons vers les zones où hôpitaux et stocks humanitaires ont été pillés ou bombardés.
Au Darfour (ouest) région frontalière du Tchad, l'ONG Islamic Relief raconte dans un communiqué diffusé mercredi la désolation constatée par ses équipes: "A Zalingei, la capitale du Darfour central, les stocks de nourriture se réduisent comme peau de chagrin alors que le marché a été pillé".
Et "près de 250.000 personnes ont été déplacées au Darfour alors que des groupes armés tuent et attaquent les civils, pillent les locaux et les camions des humanitaires", ajoute l'ONG.
Des civils ont été armés au Dafour pour participer aux affrontements mêlant militaires, paramilitaires et combattants tribaux ou rebelles, selon l'ONU.
Cette région a été marquée par la sanglante guerre civile déclenchée en 2003 entre la dictature d'Omar el-Béchir et des minorités ethniques.
En 2019, l'armée avait accepté sous la pression de la rue de limoger M. Béchir, au pouvoir depuis 30 ans.
En 2021, les généraux Burhane et Daglo avaient commis un putsch qui a mis fin à la fragile transition démocratique en évinçant les civils du pouvoir.
Mais leur entente s'est fissurée sur la question de l'intégration des FSR dans l'armée.
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