L'armée de l'air a mené "des frappes aériennes pour la première fois sur El-Obeid", une ville à 350 kilomètres au sud de la capitale Khartoum, "qui est encerclée par les forces paramilitaires depuis le début des combats", ont raconté à l'AFP plusieurs témoins. Les combats avaient éclaté le 15 avril entre l'armée commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du Soudan, et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, son adjoint devenu son rival. Depuis huit semaines, les combats sont concentrés essentiellement à Khartoum, la capitale de cinq millions d'habitants, et dans la vaste région du Darfour, dans l'ouest. Ils ont fait plus de 1.800 morts, selon l'ONG Acled, et deux millions de déplacés, selon l'ONU. Les civils qui n'ont pas fui n'ont plus "ni nourriture, ni eau, ni médicaments", raconte à l'AFP un habitant de Khartoum, Ahmed Taha. "Nous n'avons plus rien. Le pays est dévasté. Où que vous regardiez, vous voyez les impacts des bombes et des balles", selon ce témoin. Pendant plusieurs semaines, l'Arabie saoudite et les Etats-Unis ont servi de médiateurs à des négociations entre les deux camps dans la ville saoudienne de Jeddah, en vue d'obtenir un cessez-le-feu. - Conférence d'aide au Soudan - Mais les nombreuses trêves annoncées n'ont été quasiment jamais respectées et l'aide humanitaire est restée bloquée ou est parvenue aux civils en quantité très insuffisante. Vingt-cinq millions des 45 millions d'habitants du Soudan, l'un des pays les plus pauvres du monde, dépendent désormais de l'aide humanitaire pour survivre, selon l'ONU. Vendredi, le chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Soudan, Alfonso Verdu Perez, a déploré que "seuls 20% des établissements de santé fonctionnent encore à Khartoum". Des quartiers entiers sont privés d'eau courante et l'électricité ne fonctionne que quelques heures par semaine. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a "condamné fermement" mercredi "les attaques croissantes contre des installations de santé", affirmant qu'entre le 15 avril et le 8 juin, 46 de ces attaques ont fait huit morts et 18 blessés. "Nous souffrons et souffrons encore de cette guerre depuis deux mois", témoigne Soha Abdelrahmane, une habitante de Khartoum, ajoutant que plusieurs villes du Darfour, comme El-Geneina et Nyala, sont en "état de siège". Le chef de la mission de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, s'est dit mardi "particulièrement alarmé" par la situation au Darfour où les violences pourraient constituer des "crimes contre l'humanité". Le parti Oumma, principale formation politique du pays, a affirmé mercredi que El-Geneina, la capitale du Darfour-Ouest, s'était transformée en "zone de catastrophe", appelant les organisations internationales à envoyer de l'aide. Le parti a qualifié les violences qui s'y déroulent de "crime humanitaire à part entière" et estimé dans un communiqué que plus de 1.000 personnes étaient mortes "lors d'un siège abject et de violences systématiques contre les citoyens". Le Darfour a été dévasté dans les années 2000 par une guerre civile qui a fait environ 300.000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, selon l'ONU. L'Arabie saoudite a annoncé mardi la tenue le 19 juin d'une conférence internationale consacrée à l'aide au Soudan.
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