"Let's go", lance Valéry Rodriguez à sa troupe. Après avoir endossé les rôles de comédien et de chanteur dans les comédies musicales à succès comme Le Roi Lion ou encore West Side Story, c’est sous le rôle de metteur en scène qu’il se présente dans un studio de danse niché à Rungis (Val-de-Marne). Il dirige les répétitions de la comédie musicale Black Legends, qu’il a imaginée dix ans plus tôt.
À réécouter : Valéry Rodriguez, metteur en scène de la comédie musicale "Black Legends" : "De tout temps on a diabolisé l'étranger, l'autre"
Le spectacle rend hommage à la musique et à l’histoire des Afro-Américains, marquée par une lutte pour leur émancipation, à travers les âges. Cet hommage est aussi une manière pour lui de véhiculer un message de tolérance et d’espoir.
Lunettes vissées sur le nez, il observe les comédiens en train de répéter une scène inspirée du titre Hit The Road Jack, de Ray Charles. La mise en scène montre Jack pris en flagrant délit d’infidélité, être invité à “prendre la route” par sa compagne et ses amies.
Une scène légère, comparée à certaines répétées, comme celle qui revient sur le meurtre d’Emmett Till, un afro-américain de 14 ans, lynché au Mississippi pour avoir prétendument flirté avec une femme blanche, en 1955. L'acquittement des coupables choquera le pays.
Dans le rôle de l’infidèle démasqué, on retrouve Barry Johnson 66 ans, le doyen de la troupe. Arrivé en France dans les années 80, le chanteur est originaire d'Oakland, en Californie. "Comme Kamala Harris. Je l’ai appris il n’y a pas longtemps”, souligne-t-il, en souriant.
Pour le chanteur afro-américain, ce spectacle sur l’émancipation des Afro-Américains a une résonance particulière avec sa vie. “À l’époque Martin Luther King, Malcolm X, les frères Kennedy étaient en vie, et j’ai grandi avec tout ça, avec cette évolution des États-Unis et avec toute cette violence qu’il y avait dans le pays à l’époque. Les personnes que j’ai citées ont été assassinées. On a vu les images, j’ai entendu ces histoires toute mon enfance…D’ailleurs Bobby Kennedy, je l’ai vu en vrai ! Dans mon quartier, à Oakland", se remémore-t-il.
Pour le reste de la troupe, Barry apparaît comme ce pont entre ce passé et le présent “Il est toujours disponible pour répondre à des questions que l’on pourrait se poser”, réagit la chanteuse et comédienne Anandha Seethanen.
Barry Johnson et Anandha Seethanen
Si le spectacle replonge Barry dans son passé, il n'oublie pas l’actualité du moment : celle de l’élection américaine. Pour lui, le pays est plus polarisé que jamais, surtout au niveau de l’orientation politique. Il s'inquiète des résultats du mardi 5 novembre.
“On a vécu avec le racisme pur et dur, ouvert quasiment”, en parlant de son enfance et de sa jeunesse. S’il estime que les choses avaient commencé à changer, l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, en 2016, a rendu les discours racistes plus decomplexés. “Les gens ne se cachent même plus”, regrette le chanteur.
Plutôt que de donner un pronostic, Barry préfère rester sur ses gardes. “Beaucoup de démocrates sont convaincus que Kamala Harris va gagner, mais moi j’étais convaincu que Donald Trump allait perdre la dernière fois et il est quand même passé”, rappelle-t-il.
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