Soit la “mobilisation générale” contre le trafic de drogue, soit la “mexicanisation du pays”. Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, est sans appel. Six jours après la fusillade où un garçon de cinq ans a été blessé par deux balles dans la tête près de Rennes. Le premier gendarme de France a prononcé un discours depuis la préfecture d’Ille-et-Vilaine (Rennes) vendredi 1ᵉʳ novembre.
La volonté de l’exécutif est de mettre fin au trafic de drogue, car la France serait, selon Bruno Retailleau, à un “point de bascule” vers “la mexicanisation”. Accompagné du ministre de la Justice, Didier Migaud, ils présentaient ce vendredi 8 novembre à Marseille leur “plan de lutte contre la criminalité organisée”.
La France menacée de “mexicanisation” ? Que veut dire ce terme qui réduit un pays à une image stéréotypée de territoire gangrené par le trafic de drogue et les assassinats ?
Une guerre au mexique, des fusillades en France
Avec ce type d’éléments de langage, le ministre de l’Intérieur peut créer une confusion. Il réduit un pays de 32 États à une seule chose : le narcotrafic. “C’est insulter un peuple et insulter les gens qui travaillent pour la lutte contre le trafic de drogue”, déclare le fraco-mexicain Ivan Torres, président de l’association “Mexicanos en Bordeaux". Depuis 2006, une guerre oppose les cartels de drogue à l’armée mexicaine. Un conflit qui dure depuis 18 ans et qui a provoqué la mort par homicide de 450 000 personnes.
Ivan Torres conseille de prêter davantage attention aux efforts menés par le pays d’Amérique latine pour endiguer ces crimes. Il explique que la justice mexicaine est très rigide avec les criminels organisés : une fois jugés, ils purgeront une peine pouvant aller jusqu’à 40 ans sans sursis, là où en France, la peine maximale est de 30 ans, assortie d’une amende de 7 500 000 euros.
Trafic de drogue: "Soit il y a une mobilisation générale, soit il y a la mexicanisation du pays", déclare Bruno Retailleau pic.twitter.com/mWUPcMIqdU
— BFMTV (@BFMTV) November 1, 2024
Une expression "ridicule"
Cependant, les mots de Bruno Retailleau infusent dans la la société française. 71 % des personnes sondées par l’Institut CSA affirment que la France est submergée par la “mexicanisation”, c’est-à-dire par "le narcotrafic, la violence et la criminalité" selon la description du sondage. Pour Ivan Torres, la guerre au Mexique et les violences en France n’ont "rien à voir". Ce type de sondage entraîne l’opinion publique vers "la peur". Pour le président de l’association, cette expression est "ridicule".
Cet abus de langage, popularisé par le ministre et massivement repris par les médias, il “stigmatise et stéréotype le Mexique mais re-victimise également les familles mexicaines touchées par la violence”, selon un communiqué de l’Ambassade du Mexique en France publié le jeudi 7 novembre. Et il “[sape] les actions de collaboration entre les membres de la communauté internationale, dont le Mexique et la France, pour lutter contre le fléau du trafic de drogue et ses déplorables conséquences dans le monde entier.”
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