Reportage. Mobilisation des mineurs non accompagnés : “Nos droits ne sont pas respectés”

Actus. Plusieurs collectifs ont choisi la date du mercredi 20 novembre, journée internationale des droits de l’enfant, pour manifester contre les conditions de vie des mineurs non accompagnés, qui ont vu leur minorité contestée.

Reportage. Mobilisation des mineurs non accompagnés : “Nos droits ne sont pas respectés”
Plusieurs collectifs ont manifesté à Paris contre les conditions de vie des mineurs non accompagnés, mercredi 20 novembre à Paris - Keisha MOUGANI

À Paris, les mineurs non accompagnés manifestent pour une amélioration de leurs conditions de vie


“On veut aller à l’école” , “La honte à ce pouvoir qui fait la guerre aux mineurs isolés”...pouvait-on lire sur les pancartes et la grande banderole déployée par la tête de cortège. 

À l’appel de la Coordination nationale des mineur(e)s isolé(e)s, composée de collectifs basés à Lille, Toulouse et Paris, une centaine de manifestants, membres de syndicats ou associations, sont venus soutenir les mineurs non accompagnés, mercredi 20 novembre à la Place de la Bastille, à Paris. 

La plupart des jeunes présents ont vu leur minorité remise en cause lors de la phase administrative, qui dure cinq jours. Ils se retrouvent donc dans une situation de grande précarité. 


Ces derniers réclament l’accès à des logements dignes, des délais de recours juridiques plus courts ou encore l’application de la présomption de minorité, afin de bénéficier d’une aide jusqu’à la fin du recours juridique.  

Parmi les concernés, il y a Koné A*, 16 ans. Il est l’un des délégués du collectif des Jeunes du parc de Belleville. Le jeune homme en CAP serrurier métallier dans un lycée du XIXe arrondissement de Paris, a rejoint le collectif au mois de mai. 

Koné est originaire de Guinée Conakry et est arrivée en France en mars dernier. Il a quitté son pays natal en août 2023. “J’'étais dans la rue, je ne faisais rien, je me promenais avec les amis. Je ne savais pas quoi faire de moi-même”, raconte-t-il. Sa mère décide de l’envoyer en France, afin qu’il se construise un avenir. 


Koné a le projet de devenir électricien.                    Crédit: Keisha MOUGANI 

 

C’est accompagné d’un oncle que Koné entame un parcours le faisant passer par le Mali, l’Algérie, marquée par une traversée du désert éprouvante et violente. Tous deux arrivent ensuite en Tunisie, et font la traversée de la Méditerranée pour gagner l’Italie. 


C’est là-bas qu’il verra son oncle pour la dernière fois. 

L'hébergement, préoccupation majeure des manifestants

Après plusieurs mois à Naples, il rejoint la France et fait les évaluations requises pour prouver sa minorité. Mais cette dernière ne lui sera pas reconnue. “Ils m’ont dirigé vers des associations, disant qu’elles allaient m’aider”, explique-t-il. Jusqu’au mois de septembre, il dormira dehors avant de trouver un lieu où dormir, dans une ancienne école maternelle.

Si la mairie fait parvenir de la nourriture, pour s’habiller, il compte sur les dons de bénévoles. Plus que jamais, il réclame de meilleures conditions de logement. “Dehors n'est pas mieux pour un être humain. En tant qu'un être humain, on a besoin d'être hébergé.”

Un constat partagé par Aïssata, 16 ans. Comme Koné, elle est originaire de Guinée Conakry, et sa minorité n’a pas été reconnue. Mais contrairement à lui, elle préfère ne pas s’épancher sur ce qu’elle a vécu ou son avenir, mais préfère rappeler que “ses amis passent la nuit dans des gymnases et ne vivent pas dans de bonnes conditions. Ils se lèvent à 9h et puis ils doivent sortir.  Même pour laver les habits, il n'y a rien. Il n'y a rien de favorable là-bas.”

Assise sur un banc, en attendant que le cortège s’élance, Lucia, 29 ans, bénévole à l’association Utopia 56, observe les quelques manifestants déjà présents et ceux en train d’arriver.

Pour elle, ces jeunes sont livrés à eux-mêmes. Lorsque leur minorité est contestée, les personnes concernées peuvent demander un recours. Cependant, la procédure peut durer “de 3 à 6 mois et plus”, explique la bénévole et ils ne bénéficient donc pas d’une prise en charge. “On va à leur rencontre pour leur donner des informations, comme où trouver de la nourriture, des vêtements, peut-être de l'aide légale ou médicale gratuite.Ça peut paraître peu, mais je pense que ça aide un petit peu déjà dans leur journée”, explique-t-elle. 

Il est 16h lorsque les manifestants se regroupent pour écouter les quelques prises de parole des représentants des différents collectifs. Parmi eux, se trouve Mariama Sidibé, 67 ans, une aide-soignante à la retraite, porte-parole du Collectif des sans-papiers de Paris.

Cette ex-sans-papiers, arrivée en France en 2002, dédie une partie de son temps à aider ces jeunes à s’organiser en tant que collectif.  “ Aujourd'hui, ils sont jeunes, ils sont mineurs. Demain, quand ils auront 18 ans, on va les placer comme des sans-papiers aussi. C'est la même lutte qu'on fait. On doit se rapprocher, se battre ensemble.”, explique-t-elle. 

Il est 16h passé. La manifestation commence. Koné, Aissata et Mariama se retrouvent en tête de cortège et guident les manifestants en direction de l'Hôtel de ville. 

*Les prénoms ont été modifiés

 



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