Deux plaintes ont été déposées contre le romancier Kamel Daoud, récompensé le lundi 4 novembre par le prix Goncourt pour son roman "Houris" aux éditions Gallimard. Son roman sur la guerre civile d'Algérie, surnommée la "décennie noire", reposerait sur la vie de Saâda Arbane, une patiente de la psychiatre Aïcha Dehdouh, l’épouse de Kamel Daoud. Cette dernière est également accusée par une plainte, d'avoir brisé le secret médical.
Une violation "de l'intimité" de la plaignante
Le tribunal d’Oran a été saisi par l’avocate de Saâda Arbane, Fatima Benbraham. Une première plainte a été déposée par l’Organisation nationale des victimes du terrorisme, et la seconde au nom de la victime. Cette dernière considère le roman comme "une violation de son intimité", n'ayant elle-même aucune intention de publier son histoire. Sur la chaîne de télévision algérienne One TV, Saâda Arbane, accompagnée de son mari, assure s’être fait extorquer son histoire.
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Même cicatrice, même vie, même tragédie… Saâda Arbane se voit dans le personnage d'Aube, inventé par le prix Goncourt Kamel Daoud. Survivante d'un massacre, elle garde des séquelles de cette attaque qui a tué toute sa famille dans les années 1990 en Algérie. La jeune femme est bléssée aux cordes vocales, une similitude partagée par le personnage de papier.
Saâdane Arbane est interviewée sur ONE TV vendredi 15 novembre
Selon l’avocate, les plaintes portent sur "la violation du secret médical", "puisque le médecin a remis tout le dossier de sa patiente à son mari, ainsi que sur la diffamation des victimes du terrorisme et la violation de la loi sur la réconciliation nationale". Cette loi interdit toute publication sur la période de la guerre civile, entre 1992 et 2002.
Gallimard réplique
La maison d’édition Gallimard a publié un communiqué le lundi 18 novembre, dénonçant une "diffamation". Elle insiste sur le caractère fictif de cette histoire. Kamel Daoud est une figure controversée en Algérie, où son livre a été interdit.
La décennie noire est un tabou dans ce pays d’Afrique du Nord. Cette guerre civile a opposé le gouvernement algérien avec l’Armée nationale populaire (ANP) à des groupes islamistes armés. En dix ans, entre 60 000 et 125 000 personnes sont morts.
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