Un responsable marocain a dit à l’Agence France-Presse (AFP) qu’ils faisaient partie des 2 476 personnes dont la grâce a été annoncée par le ministère de la justice, à l’occasion de la Fête du trône, célébrée mardi, marquant l’intronisation du souverain, il y a vingt-cinq ans.
En juillet 2023, la Cour de cassation du Maroc, la plus haute instance judiciaire du royaume, avait rejeté le pourvoi de MM. Radi (38 ans) et Raissouni (52 ans), confirmant leurs condamnations à respectivement six et cinq ans de prison ferme dans des affaires d'agressions sexuelles (et d'espionnage pour le premier).
Le pourvoi de Taoufik Bouachrine, 55 ans, fondateur et éditorialiste d'un quotidien arabophone, avait été rejeté en 2021. Incarcéré depuis 2018, il a écopé de 15 ans de prison pour "viol", "traite des êtres humains" et "agressions sexuelles" à l'encontre de plusieurs femmes.Les trois journalistes ont nié en bloc les charges et affirmé avoir été punis à cause de leurs opinions.
A sa sortie de prison, le journaliste Omar Radi, arrêté en 2020, s’est dit « reconnaissant ». « J’ai appris que d’autres détenus dans des cas similaires ont été relâchés, j’en suis plein de gratitude », a-t-il déclaré à l’AFP près du centre de détention de Tiflet, situé à une soixantaine de kilomètres à l’est de la capitale, Rabat, estimant que cette décision permettait d’« apaiser l’espace public marocain ».
#Maroc : les journalistes Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Soulaimane Raissouni ont été graciés auj, après des condamnations injustes et une trop longue incarcération.
— RSF (@RSF_inter) July 29, 2024
RSF se félicite de ces libérations qui peuvent marquer un grand pas pour la liberté de la presse au Maroc. pic.twitter.com/pDjQMYkC8f
Maâti Monjib réagit sur Africa Radio
Sur Africa Radio ce mardi, Maâti Monjib a exprimé “ sa joie et sa reconnaissance aux militants des droits de l’homme et à l’état marocain d’avoir provoqué cette décision qui met fin à une injustice qui dure parfois depuis de longues années pour plusieurs journalistes et militants des droits de l’homme”
Historien et défenseur des droits humains, Maâti Monjib, 62 ans, a été condamné en première instance début 2021 à un an de prison ferme pour "fraude" et "atteinte à la sécurité de l'Etat" au terme d'un procès ouvert en 2015. L’historien est aussi sous le coup d'une instruction judiciaire depuis 2019 pour "blanchiment de capitaux", ce qui lui a valu trois mois de détention préventive avant qu'une mesure de liberté provisoire ne lui soit accordée en mars 2021, au terme de 20 jours de grève de la faim. Il est accusé de malversations dans la gestion d'un centre qu'il avait créé pour promouvoir notamment le journalisme d'investigation. Des accusations qu'il rejette
“ C’est la fin d’une injustice pour ma famille et moi car je suis poursuivi maintenant depuis 9 ans avec plusieurs grèves de la faim pour mettre fin à mon emprisonnement illégal en 2021. Donc j’exprime ma joie et ma grande reconnaissance à la presse marocaine, arabe, et française qui ont défendu ma cause et celle de tous les journalistes emprisonnés” déclare Maâti Monjib
D’autres journalistes ou militants des droits humains ont été graciés lundi, comme Imad Stitou, Hicham Mansouri et Saïda El Alami, ont rapporté des médias locaux. La grâce royale concerne également seize « détenus condamnés dans des affaires d’extrémisme et de terrorisme » ayant « révisé leurs orientations idéologiques », a rapporté le ministère de la justice, sans les identifier.
Avec AFP
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