Biennale de Dakar. Agnès Brézéphin, lauréate du prix Léopold Sédar Senghor : "Pour moi, je n'ai pas gagné un prix, j'ai simplement présenté un travail sociétal"

Infos. Agnès Brézéphin a remporté le prix Léopold Sédar Senghor pour son installation "Cabinets de curiosités - Chambre des merveilles : “Au fil(s) de soi(e)"" lors de la soirée d'ouverture de la Biennale de Dakar, le 7 novembre dernier.

Biennale de Dakar. Agnès Brézéphin, lauréate du prix Léopold Sédar Senghor : "Pour moi, je n'ai pas gagné un prix, j'ai simplement présenté un travail sociétal"
Agnès Brézephin, lauréate du Prix Leopold Sedar Senghor à la Biennale de Dakar - GEDC

Les étoiles semblaient alignées pour Agnès Brézéphin. Enseignante au Campus Caribéen des Arts de Martinique, graphiste et typographe, l'artiste multidisciplinaire a remporté le jeudi 7 novembre, le prix Léopold Sédar Senghor avec la première installation de sa carrière :  “Cabinet de curiosités - Chambre des merveilles : “Au fil(s) de soi(e)"", en collaboration avec l'anthropologue Paola Lavra. 

Une œuvre personnelle qui réunit les techniques qu'elle a apprises ces quarante dernières années, comme la broderie ou encore la moulure, et qui surtout fait écho à un épisode douloureux de sa vie : l'inceste dont elle a été victime dans son enfance. "[L'installation] m'aide dans mon processus de guérison", confie-t-elle. Mais surtout, elle raconte "la vie des victimes d'inceste".

L'installation représente un corps, le sien, allongé sur un lit, autour duquel sont disposés des objets comme des insectes, des cocons de soie, ou encore des grenades qui sont reliés au corps par des fils de soie. 


Cabinet de curiosités - Chambre des merveilles : “Au fil(s) de soi(e)
Crédit : Paola Lavra 

Une victoire émouvante à double titre pour l'artiste

L'œuvre, pourtant, aurait pu ne jamais être récompensée du prix Léopold Sédar Senghor : l'artiste a décidé au dernier moment de l'inscrire à la Biennale de Dakar. Une victoire symbolique à double titre : l'artiste, d'origine guadeloupéenne, enseigne en Martinique dans l'école d'art co-créée par l'intellectuel et homme politique Aimé Césaire, un grand ami de l'ancien président Léopold Sédar Senghor. 

Pour elle, cette victoire symbolise, aussi, le lien existant entre le continent africain et les Antilles. 

Toujours au Sénégal, sur l'île de Gorée, connue pour être une plaque tournante du commerce des esclaves, elle travaille sur une autre installation, "Cabinet de curiosités-Chambre des Merveilles : "La porte du retour”" qui sera dédiée à la mémoire de la traite négrière, et qui sera aussi une œuvre qui explore d'autres aspects de la personnalité et de l'histoire de l'auteure."L'œuvre va raconter un cheminement de l'île de Gorée mais surtout mon cheminement vers l'île de Gorée, vers mes racines, vers mon avenir", explique-t-elle. 

 

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