Depuis 2003, le comité de sauvegarde du patrimoine immatériel de l’Unesco se réunit pour inscrire les savoir-faire et pratiques culturelles dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Une dizaine de pratiques et biens culturels du continent africain ont rejoint cette liste dont l’objectif est de promouvoir et préserver ces traditions et savoir-faire.
Les rituels du henné (Algérie, Maroc, Tunisie, Égypte, Soudan, Proche-Orient et péninsule arabique)
Le henné, arbuste poussant essentiellement en Afrique du Nord et au Moyen-orient est considérée comme sacrée par certaines communautés.
C'est à partir de ses feuilles, récoltées deux fois par an, qui sont ensuite séchées et broyées qu'est obtenue cette pâte qui sert à orner les mains, les pieds ou le bout des doigts, et à se teindre les cheveux.
Les branches, les feuilles et la pâte de henné sont également utilisées dans l’artisanat et à des fins médicinales, notamment pour le traitement de certaines maladies de la peau.
Son utilisation est souvent accompagnée de manifestations orales telles que des chants, des chansons, des proverbes et des poèmes, et est liée à des règles et des traditions sociétales vieilles de plusieurs siècles.
Symbole de joie, il est utilisé dans la vie quotidienne et lors d’occasions festives telles que les naissances et les mariages.
Les savoir-faire liés à la confection de la Gandoura et la Melehfa (Grand-Est de l'Algérie)
La première est une robe évasée en satin et velours, brodée de motifs floraux et animaliers à l’aide de techniques telles que le fil d’or et le perlage. Pour finaliser le tout, une chaîne est ajoutée autour de la taille et la tête est couverte d'une coiffe conique brodée de fils d’or ou ornée de pièces de monnaie, d’un diadème ou d’une chaîne à médaillons. Des vestes brodées ou de longs vêtements drapés peuvent être portés par-dessus la robe.
La seconde est un vêtement large et drapé, soutenu sur les épaules par deux broches en argent et à la taille par une longue ceinture en laine teintée. L’excédent de tissu est replié sur la poitrine et vers l’arrière. Il est complété par un turban ou un foulard orné de pendentifs ou d’un diadème.
🔴 BREAKING
— UNESCO 🏛️ #Education #Sciences #Culture 🇺🇳 (@UNESCO) December 3, 2024
New inscription on the #IntangibleHeritage List: The women’s ceremonial costume in the Eastern region of #Algeria🇩🇿: knowledge and skills associated with the making and adornment of the ‘Gandoura’ and the ‘Melehfa’.
Congratulations!https://t.co/NrLCcg15Sf pic.twitter.com/QG3jHEvhWD
Toutes deux sont portées par les femmes dans le Grand Est de l’Algérie lors de mariages, cérémonies et les festivités nationales et religieuses.
La confection de ces deux tenues se transmet au sein des familles mais aussi par le biais des centres de formations et d'institutions.
L’épopée de Samba Gueladio (Mauritanie)
L’épopée de Samba Gueladio est une légende dans laquelle le héros, Samba Gueladio, héritier légitime du trône, est écarté par son oncle.
Pour reconquérir son trône, il noue des alliances partout où il passe. Il a ainsi tué un monstre qui empêchait les Maures de puiser de l’eau dans la rivière et a récupéré leur bétail auprès d’un roi voleur. En récompense, les Maures fournissent à Samba Gueladio les soldats dont il a besoin pour reprendre le trône.
À la fin de la bataille, Samba Gueladio affronte seul son oncle dans un combat d’égal à égal. Il parvient à vaincre son oncle, mais ne le tue pas.
La légende est transmise au moyen de contes et de chants, lors d’événements comme les mariages, les naissances et d’autres rassemblements culturels.
L’épopée est également déclamée par les griots dans un style poétique accompagné de musique. Elle inculque des valeurs comme la générosité, la persévérance et le courage.
Le balafon (Mali, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire)
La percussion en bois a été inscrite dans la liste conjoitement avec le kolintang indonésien. Tous deux se ressemblent au niveau des matériaux et des formes, des clés et des fonctions et de la transmission des valeurs et savoir-faire.
Ils sont censés représenter le respect mutuel et la tolérance et promouvoir l’unité et la vie pacifique et harmonieuse.
Attiéké (Côté d'Ivoire)
Produit dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et en Chine, l’usage du nom “attiéké” par les autres pays posait problème au gouvernement ivoirien. Le nom vient du mot « atcheke » issu de la langue ébrié parlée dans le sud de la Côte d'Ivoire.
"Les peuples lagunaires (du sud de la Côte d'Ivoire) sont les détenteurs et praticiens des savoir-faire liés à la fabrication de l'attiéké", explique le dossier de candidature déposé par la Côte d'Ivoire.
Cette pratique s'est depuis "répandue aux autres communautés aussi bien ivoiriennes qu'étrangères vivant sur le territoire national" et "bien au-delà de la Côte d'Ivoire, notamment au Burkina Faso, au Togo, au Bénin, en République démocratique du Congo, en Chine", précise le document.
En 2023, l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) a enregistré l"attiéké des lagunes" en indication géographique protégée (IGP) puis mi-2024, labellisé en "marque collective", empêchant les semoules de manioc produites dans d'autres pays d'être commercialisées sous le nom d'"attiéké".
L'artisanat du kenté (Ghana)
Le kente est un tissu composé de bandes tissées à partir de soie, de coton ou de rayonne à l’aide de métiers à tisser horizontaux.
Les motifs utilisés ainsi que les couleurs indiquent le statut social, le genre et l'âge de la personne portant le tissu.
Les produits finis sont nommés selon des proverbes, des dictons ou des situations sociales.
Les connaissances et les compétences sont transmises au sein des familles, dans le cadre d’un apprentissage auprès de maîtres tisserands et dans les établissements d’enseignement secondaire et supérieur.
Les fêtes du Durbar de Kano (Nigéria)
Deux fois par an, des milliers de cavaliers défilent en tenues colorées à Kano, dans le nord du Nigeria, pour célébrer le Durbar.
Lire aussi : Le Durbar de Kano, fête équestre séculaire, entre au patrimoine immatériel de l’Unesco
Ce festival, ancré dans la culture musulmane haoussa, rassemble divers groupes ethniques et se tient lors des fêtes de l’Aïd el-Fitr et de l’Aïd el-Kabir. Les processions honorent l’émir local, renforçant les liens communautaires et culturels.
En 2024, des tensions ont entraîné l'annulation du Durbar en juin pour des raisons de sécurité. Aujourd'hui, cette tradition crée des emplois et inspire des carnavals dans tout le Nigeria.
Le Ngondo, culte des oracles de l'eau (Cameroun)
Le Ngondo, fête traditionnelle des Sawa du Cameroun, célèbre chaque année le culte des oracles de l’eau.
De septembre à décembre, les festivités mêlent culture et spiritualité avec une caravane artistique, des compétitions de lutte, une foire artisanale et un concours de beauté.
Le point culminant est la cérémonie sacrée sur le fleuve Wouri, où un prêtre plonge pour recueillir et transmettre les messages des divinités. Ces traditions, héritées par initiation ou transmission familiale, renforcent la cohésion sociale et les liens entre les Sawa.
Le Ngondo célèbre l’eau comme source de vie et demeure spirituelle des ancêtres, perpétuant des valeurs de solidarité et de tolérance.
Le xeer ciise (Djibouti, Éthiopie, Somalie)
Le xeer ciise, droit coutumier des Somali-Issa d’Éthiopie, de Djibouti et de Somalie, est un système de gouvernance oral.
Structuré autour d'une constitution politique, d’un code pénal axé sur la réconciliation et d’un code social inspirant la conduite individuelle, il promeut la paix, la justice et la solidarité.
Transmis par contes, poèmes ou débats, il reflète les valeurs universelles comme le respect des droits humains et la préservation de l’environnement.
Ce système ancestral garantit une coexistence harmonieuse entre communautés et renforce l’identité collective des Somali-Issa.
L'Intore (Rwanda)
L’Intore, danse rwandaise, évoque les exploits des guerriers à travers des mouvements énergiques, des sauts et le maniement de lances au son des tambours et des cornes traditionnels.
Héritée de l’institution Itorero, où les danseurs apprenaient gouvernance et arts, cette pratique est aujourd’hui omniprésente, enseignée dans les écoles, les universités et les familles.
Présente lors des mariages, des fêtes des récoltes ou des réceptions officielles, elle symbolise la victoire et la force.
Les festivals et troupes de danse jouent un rôle clé dans la préservation de cet art et dans le renforcement de la cohésion sociale.
La danse mangwengwe (Zambie)
La danse mangwengwe, héritage des peuples Mambwe et Namwanga de Zambie, se distingue par ses mouvements circulaires des épaules et sa musique rythmée par des pots d’argile et des tabourets en bois. Pratiquée principalement par les femmes, elle accompagne mariages, funérailles et cérémonies traditionnelles, mais aussi rassemblements politiques.
Les chansons, souvent improvisées, reflètent la vie quotidienne, les leaders et l’actualité. Célébrant la mémoire des chefs ou exprimant des messages politiques, cette danse reste un puissant vecteur de culture et d’expression collective.
Le rituel wosana (Botswana)
Le wosana, rituel de pluie de l'ethnie Bakalanga, est pratiqué dans le nord-est et le centre du Botswana ainsi que dans certains villages frontaliers du Zimbabwe.
Il combine rituels, prières, chants, danses et fêtes, impliquant la communauté sous un leadership traditionnel. Transmise par observation et mentorat, cette pratique garde ses aspects sacrés confidentiels.
Cependant, l’avènement du christianisme a réduit sa pratique, de nombreux chefs traditionnels ayant abandonné le culte des ancêtres. Les chants, danses et objets liés au wosana sont souvent utilisés hors contexte, entraînant une déformation du rituel et la négligence des espaces culturels associés, menaçant ainsi sa préservation.
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