Depuis une dizaine d’années, les drones servent les combattants engagés dans des conflits armés. Piloté par l’homme, le robot détruit, tue, repère, poursuit, mitraille, s’explose… Lundi 9 décembre, un drone provoque la mort de six personnes au Kordofan-Nord au Soudan. La guerre civile, commencée le 15 avril 2023, opposant principalement l’armée soudanaise - Sudanese Armed Forces (SAF) - au groupe armé - Rapid Support Forces (RSF), ne fait pas exception. Utilisée par les deux camps, cette arme a un emploi et un dessein différents selon le belligérant.
18 morts en 20 mois
En 20 mois de conflit, au moins 18 800 personnes sont mortes, selon le dernier point de situation de l’Organisation des Nations unies publié le lundi 4 novembre. La guerre civile a débuté en avril 2023, sur fond de lutte fratricide entre le général Abdel Fattah al-Burhan, à la tête de l’armée, et le général Mohammed Hamdan Dogolo, dit “Hemetti”, chef du groupe paramilitaire.
Un outil, deux stratégies
Le drone est plus présent chez les militaires pour “progresser dans les batailles sur les lignes de front”, selon Jalale Getachew Birru, la coordinatrice senior d’analyse pour l’Afrique de l’Est chez ACLED (Armed Conflict Location & Event Data). La machine attaque les RSF et leurs alliés, elle sert généralement de soutien aux offensives terrestres, selon les données de l’ACLED. L'armée régulière possède une aviation militaire plus importante que la milice. Elle “garde l’avantage” en ce qui concerne les frappes aériennes et les attaques de drones grâce au “contrôle” majoritaire des bases militaires et des aéroports.
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Des drones "lancés" depuis le Tchad
Les RSF dispersent leurs troupes en frappant l’armée pour étendre leur position en dehors des lignes de feu, selon les informations recueillies par l’ACLED. “Leur stratégie est de distraire l’armée et de la forcer à se disperser”, comme l’a montré la tentative d’assassinat du général Abdel Fattah al-Burhan dans l’Etat de la mer Rouge, au nord-est du pays, en juillet dernier.
Lundi 2 décembre, des responsables du gouvernement soudanais ont accusé le groupe armé d’avoir lancé des drones “assemblés aux Émirats arabes unis depuis le Tchad”, selon le ministre des Affaires étrangères, Ali Youssef. Des drones se sont abattus contre la capitale Khartoum, El Fasher et Omdurman, une attaque considérée comme “une attaque directe” de la part du pays du Golfe et de son voisin le Tchad, selon le porte-parole du gouvernement soudanais.
Plus de 11 millions de déplacés
“Les Émirats arabes unis soutiennent les RSF via le Tchad”, selon Jalale Getachew Birru. Mais cette implication militaire émiratie a toujours été démentie par l'exécutif des Emirats malgré des accusations. Les attaques menées par les drones “affectent les civils qui vivent dans des zones résidentielles”. “Des marchés, des centres de déplacés” sont la cible de frappes de drones menées en centre-ville.
Trois millions de personnes ont été forcées de fuir le Soudan et 11,4 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays depuis le début du conflit, d’après un rapport publié par l'Organisation des Nations Unies le 4 novembre dernier.
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