Pourquoi la République démocratique du Congo porte-t-elle plainte contre Apple ?

Actus. L’État congolais accuse l'entreprise américaine d'acheter des minerais passés en contrebande depuis l'Est du pays jusqu'au Rwanda voisin.

Pourquoi la République démocratique du Congo porte-t-elle plainte contre Apple ?
Le palais de la Nation à Kinshasa, en République démocratique du Congo - Flikr

Après avoir menacé de poursuivre la marque américaine Apple, la République démocratique du Congo la poursuit officiellement. La plainte a été déposée en France et en Belgique contre les filiales du groupe.

Le pays accuse le groupe d’utiliser dans ses produits des minerais exploités illégalement et dénonce les "pratiques commerciales trompeuses" qu'utiliserait Apple "pour assurer les consommateurs que les chaînes d'approvisionnement du géant de la technologie sont propres", précise le communiqué mardi des avocats Robert Amsterdam (Washington), William Bourdon et Vincent Brengarth (Paris) et Christophe Marchand (Bruxelles).

"Ces activités ont alimenté un cycle de violence et de conflit en finançant des milices et des groupes terroristes…”

D'après un communiqué, la RDC entend de manière plus générale, avec cette "première" action judiciaire, "confronter les individus et les entreprises impliqués dans la chaîne d'extraction, d'approvisionnement et de commercialisation des ressources naturelles et des minerais pillés en RDC."

"L'ampleur et la durée de ces activités ont infligé de la destruction et des souffrances insondables au sein de la population civile dans des régions du pays", assure encore le communiqué.


"Ces activités ont alimenté un cycle de violence et de conflit en finançant des milices et des groupes terroristes et ont contribué au travail forcé des enfants et à la dévastation de l'environnement", ajoutent encore les avocats.

À l'appui de leur plainte, les avocats citent des travaux des Nations Unies, du Département d'État américain et d'ONG internationales telles que Global Witness.

Ils affirment avoir écrit à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour qu'un dialogue s'enclenche sur le rôle que pourrait avoir l'Union européenne, notamment dans la "responsabilisation" des acteurs concernés.

Des accusations qui remontent à avril  

En avril, la RDC avait mis en demeure Apple.  La multinationale avait alors renvoyé à des éléments publiés dans son rapport annuel de 2023 sur les minerais du conflit. Celui-ci soulignait n'avoir "trouvé aucune base raisonnable pour conclure que l'une des fonderies ou raffineries de 3TG (étain, tungstène, tantale, or)

déterminées comme faisant partie de notre chaîne d'approvisionnement au 31 décembre 2023 a directement ou indirectement financé ou bénéficié à des groupes armés en RDC ou dans un pays limitrophe."

Le Rwanda avait aussi rejeté ces accusations, les qualifiant de "répétition d'allégations sans fondement et de conjectures, visant à susciter l'intérêt des médias au sujet de l'une des plus grandes entreprises du monde".

Le gouvernement de Kinshasa accuse le Rwanda de vouloir faire main basse sur les ressources minières notamment, de l'Est congolais, une des raisons pour lesquelles, selon lui, Kigali soutient la rébellion du M23.

Avec AFP 

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