Mégaphone à la main, un membre du collectif des jeunes du parc de Belleville demande de descendre. Comme un seul homme, une foule de personnes passe du premier étage aux marches du parvis de la Gaîté Lyrique, dans le IIIe arrondissement de Paris. Il est un peu plus de 18 heures, et depuis mardi 10 décembre, plus de 200 personnes occupent l’espace culturel. Presque chaque soir, un rassemblement festif est organisé. Ces jeunes sans-abri ne veulent plus dormir dans la rue, mais obtenir un hébergement stable.
"On a besoin d'être mis à l'abri"
Quelques-uns se reposent à l’étage. "On a besoin d’être mis à l’abri, de travailler ou d’aller à l’école, d’être régularisés, c’est ça l’objectif", explique Mamadou Diallo.
Arrivé en France il y a six mois, ce jeune homme de 16 ans n’a pas été reconnu comme mineur. Après avoir déposé un recours, un rendez-vous lui a été fixé avec le juge pour enfants dans cinq à six mois.
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"Quand j’étais en Guinée, c’était mon rêve de vivre en France. Moi, je croyais qu’en arrivant, tout irait bien, mais c’est le contraire." Mamadou Diallo "dort dehors". À la Gaîté, "il y a des draps", et il reconnaît "être mieux" et se sentir "plus tranquille".
Dans l’attente de cet entretien, aucune prise en charge ni solution ne lui a été proposée. Une situation similaire pour tous les résidents temporaires de ce lieu.
Le rassemblement se poursuit à l’étage. Tour à tour, membres du collectif, “soutiens”, syndicats et même le public se succèdent au micro. Face à eux, la foule galvanisée s’assoit et les écoute. Ils sont acclamés par les trois premiers rangs. D’autres, plus loin, discutent, ou jouent au baby-foot. L’exposition TRANS*GALACTIQUE découpe la surface du premier étage en plusieurs parties, offrant des endroits plus cloisonnés et d’autres plus ouverts. L’occupation n’empêche pas l’exposition de rester accessible aux visiteurs.
La directrice appelle l'Etat à prendre ses reponsabilités
Au rez-de-chaussée, plusieurs agents d’accueil se relaient pour faire entrer les spectateurs à l’exposition PULSE et au concert. "Notre mission, à nous, c’est de pouvoir ouvrir les portes d’un lieu culturel où on se sent bien, où l’on se sent accueilli", tout en profitant de la programmation artistique, précise la directrice de la Gaîté Lyrique, Juliette Donadieu. Néanmoins, elle admet avec "frustration" et "regret" "subir cette occupation" tout en la soutenant. Ce bâtiment "leur permet d’être visibles sur leurs revendications". Elle appelle l’État à "prendre ses responsabilités".
Le préfet sollicité par la Ville
La maire adjointe à la Ville de Paris en charge des solidarités, de l’hébergement d’urgence, de la protection des réfugiés, de la lutte contre les inégalités et l’exclusion, Léa Filoche, a rencontré le collectif des jeunes du parc de Belleville jeudi 12 décembre. Aucune solution d’hébergement n’a été trouvée.
Deux jours plus tard, elle publie une lettre sur le réseau social Instagram adressée au préfet d’Île-de-France. La maire adjointe remet cette situation entre les mains de ce dernier. Elle requiert son appui face à l’"inadaptation" de la Gaîté Lyrique. Prenant pour exemple les Jeux de Paris, Léa Filoche sollicite les services départementaux d’accepter de prendre en charge ces personnes afin que des logements "soient mise en place et pérennisés".
Le collectif le martèle : sans réponse, ils resteront à la Gaîté. Ils porteront une nouvelle fois leurs revendications lors d’un meeting à la Bourse du Travail, ce mercredi 18 décembre aux alentours de 18 heures, pour la Journée internationale des migrants et des migrantes.
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