Le groupe armé, le M23, serait entré dans Goma, la grande ville de l'est de la RDC ce lundi 27 janvier, après plusieurs jours de combats et d'escalade diplomatique. Des tirs d'artillerie lourde ont retenti lundi matin dans le centre de Goma.
Le groupe armé antigouvernemental du M23 ("Mouvement du 23 mars") et 3.000 à 4.000 soldats rwandais, selon l'ONU, combattent l'armée congolaise dans la
région depuis plus de trois ans. Les combats de dimanche 26 janvier se sont tenus aux portes de Goma, capitale provinciale de plus d'un million d'habitants et presque
autant de déplacés.
Selon l'armée uruguayenne dans un communiqué, quelques unités FARDC ont commencé à se rendre en remettant leurs armes à des Casques bleus à Goma. La Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco) s'était engagée dans les combats contre le M23 au côté des FARDC.
Des soldats rwandais et des combattants du M23 ont pénétré la ville dimanche, selon plusieurs sources onusiennes et sécuritaires.
Une escalade au niveau diplomatique
Kinshasa a accusé dimanche le Rwanda de lui avoir "déclaré la guerre" en envoyant de nouvelles troupes alors que l'ONU a appelé Kigali à retirer ses forces de la région. Entre 500 et 1.000 hommes, selon des sources onusiennes à l'AFP.
De son côté, le Rwanda a publié un communiqué sur les réseaux sociaux. Accusé de soutenir le m23, le Rwanda attribue le conflit à l’est de la RDC aux violations du cessez-le-feu par les FARDC, en coalition avec des groupes armés et rejette les accusations du gouvernement congolais. Il dit déplorer l’échec des dialogues politiques et insiste sur la nécessité d’une solution politique.
COMMUNIQUÉ SUR LA SITUATION À L'EST DE LA RDC
— Ministry of Foreign Affairs & Int'l Cooperation (@RwandaMFA) January 26, 2025
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Le Rwanda a "évacué" vendredi 23 janvier son dernier diplomate à Kinshasa. La RDC avait de son côté annoncé samedi avoir rappellé ses diplomates à Kigali "avec effet immédiat".
Une situation qui inquiète au niveau national, régional et international
Le président Felix Tshisekedi a présidé dimanche soir une réunion de crise sur la situation sécuritaire et humanitaire dans le Nord-Kivu. Une autre réunion de crise a eu lieu aux États-Unis, à l'Onu. Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné dimanche soir le "mépris éhonté" de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la RDC.
#RDC #Securite | Cette nuit à la Cité de l’Union africaine, le Chef de l’État a présidé une réunion de crise sur la situation sécuritaire et humanitaire dans la province du #NordKivu. pic.twitter.com/rINvOjnm6t
— Présidence RDC 🇨🇩 (@Presidence_RDC) January 27, 2025
Mais si plusieurs de ses membres ont clairement pointé du doigt Kigali, la déclaration commune réclame le retrait des "forces extérieures" sans les nommer explicitement, faisant référence toutefois à un rapport d'experts des Nations unies ayant mis en lumière la présence des forces rwandaises.
Alors que de plus en plus de pays accusent le Rwanda, la ministre congolaise des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner a pendant le Conseil réclamé "des sanctions ciblées" contre les dirigeants militaires et politiques rwandais ainsi qu'un "embargo total sur les exportations de tous les minerais étiquetés comme rwandais".
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a également clairement mis en cause Kigali en appelant "les Forces rwandaises de défense à cesser de
soutenir le M23 et à se retirer du territoire de la RDC".
Les Etats-Unis se sont déclarés prêts à employer "tous les outils" disponibles contre ceux qui alimentent le conflit.
L'Union européenne a appelé le M23 à "arrêter son avancée" et le Rwanda à "se retirer immédiatement". L'Union africaine (UA) a réclamé "la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties" fin juillet.
Le président kényan William Ruto a annoncé dans un communiqué réunir "dans les prochaines 48 heures" un sommet extraordinaire de la Communauté des Etats
d'Afrique de l'Est (EAC) en présence des présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame. Une médiation RDC-Rwanda sous l'égide de l'Angola a échoué en décembre faute d'entente sur les conditions d'un accord.
Lire aussi : Rencontre annulée entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame : "Ce n'est pas une grande surprise", estime Thierry Vircoulon
Un dimanche sous haute tension
Dimanche 26 janvier, un drone rwandais a ouvert le feu sur des positions congolaises à environ 6 kilomètres de Goma, faisant au moins deux blessés parmi les
paramilitaires, ont indiqué à l'AFP des sources sécuritaires et onusiennes.
Des bombardements ont touché le camp de déplacés de Rusayo, dans la périphérie de Goma, selon plusieurs sources humanitaires qui n'ont pas donné
de bilan.
Goma avait été brièvement occupée fin 2012 par le M23 ("Mouvement du 23 mars"), né cette année-là et vaincu militairement l'année suivante. Dans l'est
de la RDC riche en ressources naturelles, les conflits s'enchaînent depuis plus de 30 ans.
Les dernières violences ont encore aggravé une crise humanitaire chronique dans la région. Selon l'ONU, 400.000 personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier.
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