Les demandes de restitution des biens culturels africains pillés pendant les colonisations européennes ne sont pas un fait nouveau. Ernesto Ottone, directeur général adjoint pour la culture de l’Unesco, observe une intensification de la "pression de la rue" et de la société civile pour récupérer cet héritage. Face aux revendications croissantes, l’Unesco a organisé, lundi 27 janvier, une conférence sur la restitution du patrimoine à Addis-Abeba, capitale de l’Éthiopie.
À lire : Entretien (3/4). Restitution du patrimoine africain : "On peut être satisfaits que le débat soit posé", considère Firmin Edouard Matoko, sous-directeur "Afrique" à l'Unesco
54 représentants de chefs d’État africains se sont déplacés pour assister aux discussions. Elles avaient pour objectifs de faciliter le retour de ces morceaux d’histoire et de renforcer les musées africains. "Quand on parle à la nouvelle génération qui va dans les musées en Europe, ils ont une vision critique face à ce qu'ils voient", admet Ernesto Ottone à un journaliste de l’AFP. Il y a, pour lui, une "prise de conscience des nouvelles générations" et un "changement de mœurs".
For the first time, @UNESCO will gather all 54 sub-Saharan African countries, experts & cultural heritage actors, for a historic conference in Addis Ababa 🇪🇹 to discuss the issue of the return & restitution of cultural property to Africa.https://t.co/KLj95jrPW9 pic.twitter.com/Ri2FKR1any
— UNESCO 🏛️ #Education #Sciences #Culture 🇺🇳 (@UNESCO) January 27, 2025
79 000 biens culturels d'Afrique subsaharienne au Quai Branly
Plusieurs anciennes puissances coloniales, dont la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, ont engagé ces dernières années un processus de rapatriement. Cette procédure peut se heurter aux législations des différents pays, soutient Ernesto Ottone. "Mais même dans les pays où le dialogue n'est pas 100%abouti [...] les efforts proviennent soit des universités, soit des musées", précise le directeur général adjoint.
Chaque demande exige pour les pays européens de "déclasser les biens" afin de permettre leur sortie des collections. Ces démarches restent complexes et limitent la plupart du temps la restitution à des prêts temporaires. Il y a cinq ans, l’Assemblée nationale française a adopté une loi autorisant le retour définitif au Bénin de 26 œuvres du trésor royal d’Abomey, volées en 1892.
À lire : France-Côte d'Ivoire : le "tambour parleur" Djidji Ayokwe, trésor culturel du pays, bientôt de retour à Abidjan
Depuis 2020, seuls des envois temporaires en provenance de l’Hexagone ont été acceptés. Fin novembre 2024, la Côte d'Ivoire a retrouvé son tambour Djidji Ayokwe et Madagascar sa couronne de la reine Ranavalona III.
Près de 90 000 objets culturels d’Afrique subsaharienne sont conservés en France dans des musées publics, dont 79 000 uniquement au Quai Branly, selon un rapport de 2018.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.