“J’achète environ une centaine de coupons de tissu par mois. On a plus de mal à les écouler”, explique Walid. Depuis une vingtaine d’années, il gère sa boutique spécialisée dans la vente de tissus brodés, perlés, de bazin, mais surtout de wax.
Ce jeudi 5 février, un calme règne dans la boutique de Walid. “Il y a moins de clients à cause de la "crise"”, constate le vendeur, accroché à son téléphone. Une cliente l’appelle de temps à autre pour faire une sélection de tissus.
Le calme règne également dans la rue Émile Zola, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), où chaque recoin est occupé par des commerces spécialisés dans le textile. De “Tatawax” à “Espace Africain”, en passant par “New Fashion, spécialistes africains” et “Ditta Textile”, toutes ces boutiques ont en commun de vendre des tissus dits africains.
Si quelques coupons de bazin trouvent leur place dans certaines boutiques, c’est essentiellement le wax qui occupe l’espace. Certains wax viennent de Chine, de Thaïlande, de Côte d’Ivoire, du Ghana, sans oublier les Pays-Bas, leader du marché.
Selon la provenance et la gamme, un tissu peut valoir entre 25 et 110 euros. “Il est même possible de trouver du wax à 3 ou 4 euros le coupon, mais c’est de la très mauvaise qualité et les conditions de travail sont plus que précaires”, explique Walid. “Certains tissus contiennent même du polyester”, ajoute Salah, dont la boutique est située juste en face de celle de Walid.
"Le prix du coupon augmente de 10 % chaque année”
En parallèle de cette guerre des prix, les commerçants sont confrontés à la hausse des coûts de certains tissus, notamment du wax hollandais. “Depuis 3 ou 4 ans, le prix du coupon augmente de 10 % chaque année”, détaille Walid.
Tissu en coton à motifs colorés, le wax trouve son origine dans les traditions textiles d'Asie du Sud-Est, notamment en Indonésie, où la technique du batik, consistant à appliquer de la cire pour créer des motifs avant de teindre le tissu, est pratiquée depuis des siècles.
D’abord produit en Grande-Bretagne, le wax est rapidement dominé par les Hollandais à partir du XIXe siècle. Ces derniers reprennent les techniques indonésiennes et s’implantent dans les pays d’Afrique centrale et de l’Ouest, qui deviennent leur principal marché.
“Les tissus locaux coûtent beaucoup plus cher, explique Salah. Un coupon de kente peut coûter plus de 100 euros, alors que le wax peut s’acheter à 20 euros le coupon.”
Outre le prix, ce qui plaît aux consommateurs de wax, selon le commerçant, c’est la diversité des motifs. Certains reprennent ceux du kente ou encore du bogolan. “Comme ça, tout le monde est content”, lâche Walid, en souriant.
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