Écoutez Just Loui, manga, auteur de "Red Flower"
Vous êtes l’auteur du manga Red Flower, dont le deuxième tome vient de sortir. Dans cet univers, nous suivons Keli, un jeune garçon fougueux et têtu qui rêve de devenir un grand guerrier. Son désir de prouver sa valeur est d’autant plus fort qu’il se heurte à la philosophie pacifique de son peuple, les Bao'ré. Mais la tranquillité de sa tribu est menacée par l’arrivée d’étrangers dotés de pouvoirs mystérieux et meurtriers.
L’univers de Red Flower s’inspire des légendes et contes d’Afrique de l’Ouest, notamment du Ghana, dont vous êtes originaire et où vous avez vécu pendant une vingtaine d’années. Était-ce une évidence pour vous de créer un manga inspiré de ces récits ?
Au début, pas forcément. Comme beaucoup de jeunes dessinateurs, je voulais simplement raconter des histoires qui me plaisaient. Mais au fil de l’écriture, ces contes se sont naturellement imposés à moi.
J’ai réalisé que ma narration se rapprochait davantage de récits comme L’Odyssée d’Homère, Les Fables de La Fontaine ou L’Iliade. Et finalement, les contes africains qui ont bercé mon enfance étaient parfaits pour enrichir et illustrer l’univers que j’étais en train de créer.
On retrouve dans votre œuvre des références aux peuples Ashanti, notamment avec le personnage du roi, ainsi que le sorcier Anansi. Y a-t-il des contes ou légendes d’Afrique de l’Ouest qui vous ont particulièrement inspiré ?
Oui, mais je ne me suis pas limité aux récits d’Afrique de l’Ouest. J’ai pioché librement dans différentes cultures qui m’intéressent. On retrouve par exemple les histoires du baobab, qui ne sont pas exclusivement Ashanti, ainsi que celles d’Anansi l’araignée, qui ont voyagé bien au-delà du Ghana.
Crédit : Loui/Éditions Glénat
Il y a aussi les récits de Bouki la hyène et Leuk-le-lièvre, ainsi que des symboles Adinkra.
Par ailleurs, j’ai voulu mettre en avant des arts martiaux africains méconnus, comme le Dambe, ainsi que d’autres disciplines qui ont traversé l’océan, comme la capoeira. Mon approche est un mélange d’influences diverses, qui ne se limitent pas uniquement à l’Afrique de l’Ouest.
Crédit : Loui/Éditions Glénat
Lors de la présentation de votre projet aux maisons d’édition, comment a-t-il été accueilli ?
Avec beaucoup d’intérêt et de curiosité. Les maisons d’édition qui se sont intéressées à mon projet connaissaient déjà mon travail en tant qu’auteur indépendant avec Red Flower Stories. Quand je leur ai expliqué mon envie de mélanger cette culture avec mes récits, cela ne les a pas surpris.
J’avais déjà un lectorat fidèle depuis trois ans grâce à mes histoires auto-éditées, ce qui prouvait qu’un public existait pour ce genre d’univers. Il n’y avait donc pas d’inquiétude sur la réception du marché.
Vous avez découvert les mangas vers 18 ou 19 ans en lisant des scans. Y a-t-il des œuvres qui vous ont inspiré pour imaginer Red Flower ou qui vous influencent encore aujourd’hui ?
Oui, bien sûr, il y en a beaucoup. Je pense que chaque auteur a quelque chose à apporter et à enseigner. Ma première rencontre avec le manga s'est faite avec One Piece, qui est très connu. Ensuite, j’ai exploré des récits plus matures comme Berserk, Gunnm, L’Habitant de l’infini et Le Sommet des dieux.
J’ai aussi été marqué par Shaman King, ainsi que Bride Stories et Vinland Saga, notamment pour leur traitement de la non-violence et de la guerre. J’aime les mangas qui abordent des questions profondes sur l’humanité.
Votre manga est construit comme un conte initiatique et aborde des thématiques philosophiques comme la maîtrise de l’ego et des émotions. Pourquoi ce choix ?
Personnellement, j’ai du mal à lire ou regarder un contenu qui n’a pour but que de divertir. Je trouve cela vide de sens. Aujourd’hui, beaucoup de productions sont conçues simplement pour occuper du temps, ce qu’on appelle du « contenu ». Enfant, j’étais fasciné par les récits initiatiques comme Narnia, Eragon, Harry Potter ou Le Seigneur des Anneaux.
Ces œuvres marquent parce qu’en plus d’être épiques et captivantes, elles traitent de sujets profonds : la relation aux autres, la guerre, le passage à l’âge adulte… C’est ce que je souhaite explorer à travers mes personnages.
Avez-vous d’autres projets en préparation après Red Flower ?
Oui, j’ai beaucoup d’idées, et c’est parfois difficile de ne pas s’éparpiller. Pour l’instant, je me concentre pleinement sur Red Flower, qui mobilisera toute mon énergie pour les deux ou trois prochaines années.
Ensuite, j’aimerais explorer d’autres univers, pas nécessairement liés aux contes africains.
Red Flower T.1 et T.2, de Just Loui (Éditions Glénat, 7,90 €).
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