Reportage : “On va aller au chômage”, l'arrêté préfectoral obligeant les commercent à fermer à 20 h se poursuit un mois de plus
“Là, ça ne va du tout pour mes revenus, je suis à deux mois de loyer impayés déjà” le propriétaire d’"Adam’s Hair 61" Christian Sidibe craint de mettre la clef sous la porte. Son voisin Dean Emakeih, vendeur dans une boutique de produits de beauté appelée "ABC Beauty Paris", se sent pénalisé par l'arrêté préfectoral.
Depuis décembre dernier, les salons de coiffure, les commerces et les ongleries sont contraints de fermer leurs portes à 20 heures précises. “On fait notre chiffre à partir de 20 heures, parce qu’il y a des clients qui sortent du travail à partir de 19 h 30, 19 h 40“ indique le vendeur situé au boulevard de Strasbourg.
Dépassé cet horaire, c’est courir le risque de recevoir une amende. Le gérant n’a pas échappé à cette règle. Spécialisé dans la coiffure afro, Christian Sidibe indique que sa prestation la plus courte “dure deux heures” et que sa clientèle est majoritairement composée de travailleurs et de travailleuses. Un soir où il n’avait pas terminé avec une cliente, il est verbalisé par la police. Depuis, il refuse toutes les personnes arrivées après 18 heures.
“C’est vraiment incompréhensible”
Les journées de travail se sont progressivement allongées dans ces boutiques, allant parfois au-delà de minuit, selon la municipalité ; et les riverains situés à la rue Château d'Eau ou au boulevard de Strasbourg, dans le Xe arrondissement de Paris ont déposé de nombreuses plaintes à la préfecture.
Elles sont liées “aux tapages, aux bruits, aux regroupements qui éventuellement font du bruit devant tels ou tels commerces et éventuellement aux émanations de solvants” utilisé par des ongleries selon Alexandra Cordebard, maire de l’arrondissement.
Les clientes arrivaient au salon de Christian Sidibe après le travail aux alentours de 18 heures // Aurélie Lafeil
“C’est vraiment incompréhensible” pour le propriétaire du salon. Il appelle à renforcer la présence policière “s’ils (la municipalité et les riverains) veulent vraiment éliminer les tapages”. Une position partagée par son collègue qui soutient ne pas être responsable “des gens qui sont dans la rue”.
“Il n’y aura aucune exception"
Face à cette situation, l’élue socialiste affirme ne pas vouloir porter préjudice à ces établissements. Elle plaide pour une gestion différente de leur temps de travail et déclare que cette organisation “ ne serait acceptée nulle part ailleurs”. Cette régulation est aussi “une action pour lutter contre le travail dissimulé” selon la maire.
Ces deux commerçants redoutaient une allongement de cette décision. “On va aller au chômage” confie Christian Sidibe. Mardi 18 février, la préfecture a annoncé la poursuite jusqu’au 31 mars et l’extension de cette mesure à rue de la Fidélité. Les quelques bars et restaurants présents sur cette zone n’en sont pas impactés.
“Des opérations quotidiennes de contrôles" ont été effectuées, selon un communiqué de la préfecture de police. Trente deux verbalisations ont été réalisées pour “non-respect des dispositions de cet arrêté”. Alexandra Cordebard préviens : “il n’y aura aucune exception “, car “l'idée est qu’on revienne dans ce quartier à la règle”.
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