Vous avez organisé la cinquième édition de votre sommet en Afrique du Sud, du 26 au 28 février, sur le thème "Favoriser les infrastructures et les financements pour une croissance juste et durable". Quels étaient les objectifs de ce cinquième sommet ?
C'était un sommet stratégique, car le monde est aujourd’hui très divisé. Il y a beaucoup de doutes sur les partenariats globaux, la solidarité internationale et, plus largement, sur ce qui a toujours structuré l’économie mondiale : la croissance commune et la globalisation. Dans ce contexte, Finance en Commun est arrivé à point nommé.
Nous avons organisé ce sommet en Afrique du Sud, en marge du G20, où les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales travaillaient sur de grandes réformes.
L’objectif cette année était d’examiner comment les banques publiques peuvent soutenir ces réformes multilatérales en vue du sommet de 2025 sur le financement du développement. Il s’agissait d’identifier des solutions, des financements et une vision pour que les banques publiques de développement puissent soutenir le secteur privé et défendre le partenariat international, qui reste essentiel.
Pendant ces deux jours, plusieurs conférences ont eu lieu, réunissant des représentants de banques publiques de développement, d’agences des Nations Unies, de ministres, ainsi que des institutions sportives et culturelles. Quel rôle ces dernières peuvent-elles jouer ?
En effet, plusieurs banques étaient présentes : des banques multilatérales, une banque internationale, l’AFD, ainsi qu’une banque nationale de développement sud-africaine.
Mais on a été rejoints par 2 500 personnes qui viennent effectivement du secteur privé, des organisations de la société civile, des gouvernements et effectivement une grande communauté africaine. La diversité de ces populations, de ces acteurs, clairement, est un atout favorable pour rappeler, en tout cas, que le développement ne se fait pas seul et que dans le financement du développement, on a besoin de partenariats pour rendre nos opérations plus efficaces. Moi, ce que j'ai senti, c'est qu'il y avait deux symptômes : le premier qui était le sentiment d'urgence et l'autre qui était vraiment la volonté de démontrer que ce que l'on fait a un impact.
Sur le plan politique, il était essentiel de rappeler au G20 que les institutions financières nationales et internationales sont des acteurs clés du financement mondial.
Votre sommet s’est tenu en même temps que la réunion des ministres des Finances du G20, qui n’a pas abouti à un communiqué commun, notamment sur la lutte contre le changement climatique et le protectionnisme. Quelles conséquences ce manque de cohésion pourrait-il avoir sur l’activité des banques publiques de développement ?
Tout d’abord, je tiens à féliciter le gouvernement sud-africain. C’est la première fois que le G20 se tient en Afrique, et nous avons été frappés par la forte mobilisation des États africains et des banques nationales africaines.
Le protectionnisme représente une menace majeure. Toutefois, ce sommet a montré que, malgré les tensions au sein du G20, les banques publiques de développement ont réussi à adopter une position commune. Elles réaffirment leur engagement en faveur du multilatéralisme et leur double mandat :
Un mandat national, en finançant des projets que personne d’autre ne finance et en soutenant la croissance durable, la création d’emplois et la réduction de la pauvreté.
Un mandat de responsabilité internationale, en contribuant aux objectifs globaux de lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité.
Contrairement aux États, qui peinent à s’accorder, les banques publiques ont démontré leur unité et leur engagement à poursuivre leur mission.
Donc, il n'y a pas à s'inquiéter du fait que, début février, les États-Unis ont décidé
de supprimer plus de 90 % des financements de l'USAID, l'Agence américaine pour le développement international ? Il n'y a pas à s'inquiéter non plus du fait que certains pays européens ont décidé de baisser leur aide publique au développement ?
Il faut clairement s'inquiéter. Je ne dis pas le contraire. Je pense que le sentiment d'urgence que j'évoquais tout à l'heure a été très clair. Par contre, il faut avoir quelques certitudes dans ces dispositifs-là. Il y a des banques publiques qui ont 200 ans. La Banque Publique d'Ethiopie a 125 ans.
Elle est plus vieille que la Banque Mondiale. Ces acteurs-là sont là depuis, avant même que le système des Nations Unies et que le système multilatéral de Breton Woods, c'est-à-dire la Banque Mondiale et les FMI, soit créé. Ces banques-là, elles vont continuer à servir leur priorité nationale.
Pour revenir sur le cas des États-Unis, effectivement, USAID et la suspension, je ne dis pas la suppression, la suspension temporaire, pour le temps de la revue, de l'aide américaine est très problématique pour beaucoup d'organisations de sociétés civiles, pour certains États qui, dans leur surface fiscale, bénéficient massivement de cette aide-là dans leur budget. C'est un problème.
Par contre, rappelons-nous que pendant le COVID, lorsque le monde était challengé, le bilan des banques publiques a accru de plus de 26% entre 2019 et 2021. Les banques publiques répondent à l'urgence. Les banques publiques répondent à la priorité. Donc l'inquiétude, elle est présente, mais il ne faut pas oublier aussi que ces acteurs-là sont là pour continuer à aider.
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