L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal reste détenu en Algérie. Son avocat François Zimeray a pris la parole mardi 11 mars pour dénoncer une "détention arbitraire".
"Puisque la détention est arbitraire, nous allons saisir les organes de l'ONU, du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, chargés d'apprécier le caractère arbitraire d'une détention", a affirmé l’avocat, François Zimeray, lors d'une conférence de presse à Paris. "Ça prend la forme d'un mémoire. C'est ce que nous allons faire ce mercredi ”, a-t-il ajouté. François Zimeray avait déjà évoqué cette possibilité trois mois auparavant, sans qu'ensuite le dossier n'évolue, Boualem Sansal restant incarcéré sans possibilité de voir son avocat.
"Nous allons saisir de ces plaintes contre l'Algérie les Nations Unies, et nous envisageons de le faire pour toutes les grandes instances multilatérales desquelles l'Algérie fait partie", a poursuivi l'avocat, citant "l'Union africaine" et "la Commission africaine des droits de l'homme", ainsi que "la procédure article 104 de l'Unesco également, partout où cela sera possible". "Ce sont des institutions très techniques et, parce qu'elles sont très techniques, leurs décisions sont respectées", a estimé l’avocat. "Elles n'ont pas de force impérative", a-t-il remarqué, mais "elles ont une force morale très grande".
"Pas de procès équitable" avec une défense "impossible"
La défense de Boualem Sansal "est aujourd'hui impossible. Et lorsqu'une défense est impossible, il ne peut pas y avoir de procès équitable. Et s'il n'y a pas de procès équitable, la détention est arbitraire", a-t-il insisté.
"Son maintien en détention et sa privation d'accès à l'extérieur sont non seulement une violation des droits de la défense, mais c'est aussi une violation de ce que l'on appelle les normes Mandela, c'est-à-dire les règles minimales que la communauté internationale reconnaît comme le standard minimum de tous les détenus dans le monde", d'après François Zimeray.
Soutien à Boualem Sansal, victime d’un enlèvement d’Etat à Alger pic.twitter.com/3iISip66dC
— francois zimeray (@francoiszimeray) November 21, 2024
Boualem Sansal, “otage des relations dégradées entre la France et l’Algérie”
Boualem Sansal est devenu un sujet de tension entre la France et l'Algérie, dont les relations se sont fortement dégradées avec la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en juillet 2024. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune affirmait en février que la justice suivait son cours normal. "Il est pris en charge par des médecins et sera jugé dans le temps judiciaire imparti", expliquait-il au quotidien français L'Opinion. "Boualem Sansal est clairement l'otage de cette relation dégradée, de cette relation en feu entre la France et l'Algérie", a en revanche affirmé François Zimmeray.
Des craintes pour sa santé
Interrogé sur l'état de santé de son client de 80 ans, il a indiqué ne pas avoir de nouvelles depuis une quinzaine de jours. "La détention d'un homme âgé et malade est à tout le moins abusive", a-t-il déploré. "Quel est le degré d'évolution de son cancer ? Ça suppose un suivi très sensible, très attentif, voire des interventions, puisqu'il devait avoir une radiothérapie", s'est-il interrogé. "S'agissant de sa santé psychologique, on est passé d'une situation dans laquelle il supportait avec beaucoup de courage et de combat sa détention dans les premières semaines, les premiers mois, à un sentiment de moral qui se perd et d'une dépression", a-t-il par ailleurs rapporté.
Avec AFP
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