“Les Guadeloupéens ont bu pendant 20 ans de l'eau contaminée au chlordécone”, dénonce le syndicaliste Elie Domota

La cour administrative d’appel de Paris avait été saisie par près de 1 300 personnes, mais seule une dizaine de victimes sont concernées par le jugement de la cour administrative d’appel de Paris.

"L'Etat doit mettre les fonds nécessaires"

Pour le porte-parole du Liyannaj Kont Pwofitasyon ou LKP, syndicat guadeloupéen, Elie Domota, les autorités françaises doivent faire plus : “L’Etat doit mettre les fonds nécessaires pour, premièrement, effectuer une cartographie totale et complète de l’ensemble des terres de Guadeloupe de façon que l’on puisse déterminer le degré de contamination et savoir ce que l’on peut faire. L’Etat doit également procéder à l’indemnisation de toutes victimes, privées ou publics, professionnels ou particulier. Aujourd’hui, rien n’est mis en œuvre, il n’y a pas de laboratoire de recherche fondamental rattaché aux universités de Guadeloupe qui travaillent sur la dépollution.”

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⚡️ Chlordécone : condamné par la cour d'appel administrative de Paris, combien l'État doit-il verser aux victimes ?

👉Les associations réclamaient 15.000 euros, mais les sommes versées par l'État vont de 5.000 à 10.000 euros.

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— La1ère.fr (@la1ere) March 12, 2025

Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France.

Le chlordécone, un pesticide, interdit en France en 1990 mais qui a continué à être autorisé dans les bananeraies des deux îles par dérogation ministérielle jusqu’en 1993, a provoqué une pollution importante et durable des sols, des nappes phréatiques et des milieux marins. Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France.

"Pendant 20 ans, les Guadeloupéens ont bu de l'eau contaminée au chlordécone"

Dans les Antilles, le taux d'incidence du cancer de la prostate figure parmi les plus élevés au monde. L'Agence nationale de sécurité sanitaire  a conclu en juillet 2021 à une relation causale probable entre le chlordécone et le risque de développer cette maladie. “L’Etat et tous les services étaient au courant qu’il y avait du chlordécone dans l’eau potable dés 1991. Et ordre a été donné de ne pas le dire. Le premier plan chlordécone date de 2008, cela veut dire que pendant 20 ans les Guadeloupéens ont bu de l’eau contaminée au chlordécone. Les Guadeloupéens ne font pas confiance à l’'État en matière de santé publique”, ajoute le syndicaliste.  

Le tribunal administratif de Paris avait déjà reconnu, en 2022, les "négligences fautives" des autorités, mais avait rejeté les demandes d’indemnisation pour préjudice d’anxiété, faute d’éléments suffisamment circonstanciés à ses yeux.

Un risque élevé de développer une maladie grave

La cour administrative d’appel est allée plus loin, estimant que "pour une dizaine de personnes", les éléments apportés (analyses sanguines et études environnementales) permettaient d’établir une "exposition effective à la pollution des sols, des eaux ou de la chaîne alimentaire" et un risque élevé de développer une pathologie grave. "Dans ces seuls cas, elle condamne l’Etat à réparer le préjudice d’anxiété qui résulte de la conscience de courir un risque élevé de développer une pathologie grave", dit la cour, qui ajoute que "la seule invocation d’une exposition au chlordécone"ne permet pas de justifier un tel préjudice.