La découverte de dix corps de femmes mutilés enfermés dans des sacs, ainsi que de parties d'autres corps dans la décharge de Mukuru, avait choqué le Kenya en juillet dernier. La police avait procédé quelques jours plus tard à l’arrestation de Collins Jumaisi, 33 ans à l'époque, présenté comme un "tueur en série psychopathe" et un "vampire". L’homme avoue avoir commis 42 meurtres de femmes entre 2022 et 2024, le premier étant celui de son épouse.
Or, son avocat avait affirmé que son client avait été "molesté et torturé" durant ses interrogatoires, vraisemblablement pour lui extorquer des aveux. Le suspect s'était ensuite évadé un mois plus tard grâce à "des complicités" au sein de la police, d'après le chef par intérim, Gilbert Masengeli. Cinq policiers ont été placés en garde à vue et ont comparu fin août pour ces faits.
Les dépouilles se trouvaient à moins de 100 mètres du commissariat
"Aucune poursuite n'a été engagée ni pour les corps ni pour cette évasion", ont dénoncé Human Rights Watch (HRW) et le Centre communautaire de justice sociale de Mukuru dans un rapport commun. La police avait en effet été vivement critiquée, car la décharge du bidonville de Mukuru est située à moins de 100 mètres d'un commissariat, et ce alors que les forces de sécurité kényanes étaient sous pression après la mort en juin de dizaines de personnes lors de manifestations contre des projets de hausses de taxes du gouvernement.
À lire : Kenya. A Nairobi, la marche contre les féminicides dégénère : des grenades lacrymogènes tirées et des participants arrêtés
"Plutôt que de faire obstruction à la récupération des corps, la police kényane devrait enquêter rapidement et de manière approfondie sur les circonstances entourant le déversement des corps dans la décharge", a dénoncé Otsieno Namwaya, directeur adjoint de la division Afrique à HRW.
L'agence nationale de protection des droits humains (KNHCR) avait annoncé enquêter "pour déterminer si la police est impliquée, ou si elle n'a pas agi pour les empêcher". D'après le rapport publié ce lundi 17 mars, pour lequel 21 personnes ont été interrogées, notamment des proches de victimes, des bénévoles impliqués dans la récupération des corps et un policier, les forces de l'ordre ont menacé certaines d'entre elles pour qu'elles cessent de rechercher des corps.
Avec l’AFP
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.