Pourquoi le Niger se retire-t-il de la Force mixte antijihadiste dans le bassin du lac Tchad ?

Actus. Dix ans après la réactivation de la Force multinationale mixte (FMM) par le Nigeria, le Tchad, le Cameroun et le Niger, une coalition formée pour combattre les groupes jihadistes, Niamey quitte cette coalition.

Pourquoi le Niger se retire-t-il de la Force mixte antijihadiste dans le bassin du lac Tchad ?
Deux soldats de l'armée nigérienne dans la région de Diffa en 2016. - Picryl - Illustration

L'armée nigérienne a annoncé, samedi 29 mars au soir, son "retrait" de la force régionale dédiée à la lutte antijihadiste, la Force multinationale mixte (FMM), dans le bassin du lac Tchad, selon un bulletin d'informations diffusé à la télévision d'État.

Cette étendue d'eau, qui chevauche les quatre pays, est devenue un bastion jihadiste, abritant à la fois des combattants de Boko Haram et de l'État islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP).

Une force réactivée en 2015

Créée en 1994 pour lutter contre les groupes jihadistes autour du lac Tchad, la FMM avait été réactivée en 2015 par le Nigeria, le Tchad, le Cameroun et le Niger. Depuis l'arrivée au pouvoir d'un régime militaire au Niger à la suite d'un putsch en juillet 2023, Niamey accuse Abuja (capitale du Nigéria) d'abriter des troupes étrangères pour déstabiliser le pays, ce que le Nigeria a toujours nié. Les relations tendues entre États ont fragilisé la lutte antijihadiste au sein de la FMM.

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Après un peu plus d'un an d'interruption, les deux voisins avaient annoncé la reprise de leur coopération militaire en août 2024, lors d'une visite à Niamey du chef d'état-major de l'armée nigériane, le général Christopher Musa. "Le problème est que certains font des efforts, tandis que d'autres les sabotent. Nous devons faire front commun et mettre fin aux ingérences étrangères dans notre région", avait lancé début février le gouverneur de la région de Diffa, le général Mahamadou Ibrahim Bagadoma, lors d'un sommet régional à Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria.

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Protéger les infrastructures pétrolières

Ce retrait "traduit une volonté affirmée de renforcer la sécurisation des sites pétroliers du Nord", a poursuivi l'armée nigérienne, considérée comme l'un des principaux piliers de la FMM. Le pays, membre de l’Alliance des États du Sahel, a annoncé dans le dernier bulletin de ses opérations le changement de l’appellation de cette opération pour Nalewa Dolé.

Les installations pétrolières situées dans la région de Diffa (sud-est) sont sous la menace de groupes armés hostiles à Niamey, qui attaquent particulièrement l'oléoduc géant acheminant du brut jusqu'au Bénin voisin.

Fin 2024, le Tchad avait menacé de se retirer de la FMM en raison d'une "absence de mutualisation des efforts", après une attaque ayant tué une quarantaine de ses soldats.

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