La guerre civile incessante, et pas seulement la sécheresse, a conduit la Somalie à la famine, a indiqué à l'AFP le président de la Banque Africaine de Développement (BAD) Donald Kaberuka, estimant que toute solution à cette crise devait inclure un accord de paix.
"Je suis étonné que les gens voient (la famine) comme une conséquence du manque de pluie et de nourriture", a précisé M. Kaberuka dans un entretien réalisé mardi.
A Nairobi, l'ONU a annoncé mercredi que deux régions du sud de la Somalie, le sud de Bakool et Lower Shabelle, où sévit une gravissime sécheresse, étaient frappées par la famine.
Pour M. Kaberuka, la crise alimentaire de cette année "est absolument liée (...) aux destructions causées par la crise somalienne".
"J'espère que cette fois la communauté internationale va se réunir pour une solution en trois points.La Somalie a besoin d'une réponse à court et à long terme pour stabiliser l'économie, le financement et le système d'élevage", a-t-il ajouté.
"Les personnes concernées doivent maintenant rechercher la paix".La recherche d'une solution à cette crise, "si elle n'est pas accompagnée par une solution pour la paix, signifie qu'elle se reproduira".
Plongée dans une guerre civile quasi incessante depuis la chute du régime du président Mohamed Siad Barré en 1991 et des catastrophes naturelles à répétition, la Somalie a été décrite comme étant l'une des pires crises humanitaires.
Les insurgés islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda, contrôlent la majeure partie du sud et du centre de la Somalie et environ la moitié de la capitale Mogadiscio, malgré le territoire conquis par la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom) qui soutient le gouvernement de transition.
Selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), un quart de la population somalienne est soit déplacée à l'intérieur du pays ou vit comme réfugié en dehors du pays.Cette année, au moins 135.000 Somaliens ont traversé les frontières pour trouver refuge, mais aussi de la nourriture et de l'eau.
La situation est tellement critique que même les shebab, qui ont récemment levé un embargo de deux ans sur l'aide internationale, ont lancé un appel à l'aide pour la population souffrant de la sécheresse.
"Regardez le paradoxe des pirates.Les routes maritimes dans l'océan Indien ont été perturbées et les pays ont déployé des ressources navales", a-t-il indiqué au sujet des pirates somaliens qui ont capturé 26 navires et pris plus de 600 otages entre janvier et mai.
"Au lieu de rechercher des solutions dans l'océan Indien, ce serait mieux de regarder vers la terre", a insisté M. Kaberuka.
Comparant la situation actuelle en Somalie à l'Ethiopie il y a 20 ans, le patron de la BAD a expliqué qu'aux prémices de la famine des années 1980 l'Ethiopie était également en proie aux violences.
"La famine dans le nord de l'Ethiopie était également liée à la guerre à cette époque, qui a déplacé un grand nombre de personnes vers le sud", a-t-il dit.Mais depuis que la situation s'est stabilisée, il y a eu très peu d'incidents liés au manque de nourriture, selon ce dernier.
"Dans l'histoire, que ce soit au Bangladesh ou en Ethiopie ou ailleurs, la famine n'est pas nécessairement un manque de nourriture.C'est un manque de pouvoir d'achat d'un grand nombre de personnes".
D'après M. Kaberuka, "l'urgence est de sauver les bébés, les mères, les enfants, tous ceux qui comptent".
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