À peine quinze jours après une tentative de réchauffement diplomatique, les relations entre la France et l’Algérie se dégradent à nouveau. Emmanuel Macron a ordonné mardi l’expulsion de douze agents consulaires algériens en réponse à une mesure identique prise par Alger dimanche 13 avril.
Le président français a également décidé de rappeler "pour consultations" l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet. Dans un communiqué, l’Élysée accuse Alger d’être responsable d’une "dégradation brutale" des relations bilatérales.
Une affaire judiciaire en toile de fond
À l’origine de cette nouvelle crise : l’arrestation en France, puis l’incarcération, d’un agent consulaire algérien impliqué dans l’enlèvement de l’opposant Amir Boukhors, alias "Amir DZ". Trois hommes ont été mis en examen à Paris pour enlèvement et association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, selon le parquet national antiterroriste. L’un d’eux travaillait pour un consulat d’Algérie en France.
En réaction, Alger a déclaré persona non grata douze agents du ministère français de l’Intérieur, leur donnant 48 heures pour quitter le territoire. "Une décision injustifiée et incompréhensible", selon Paris.
L’Élysée opte pour la réciprocité
Estimant que cette mesure "méconnaît les règles élémentaires de nos procédures judiciaires", la France a décidé de réagir "symétriquement", expulsant douze agents algériens du réseau consulaire et diplomatique. Tous doivent quitter le territoire sous 48 heures.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a dénoncé "l’escalade" choisie par Alger. "Le dialogue, toujours, mais pas à sens unique", a-t-il insisté mardi soir.
Retailleau dans le viseur d’Alger
L’Algérie impute la responsabilité de la tension actuelle au ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, figure de la droite réputée pour sa fermeté à l’égard d’Alger. Ce dernier a démenti tout lien avec l’affaire judiciaire, rappelant l’indépendance de la justice française.
Retailleau a déclaré que "la France ne peut être un terrain de jeu pour les services algériens", tandis que l’Élysée appelle à la reprise du dialogue, estimant que cela reste "dans l’intérêt des deux pays".
Une accalmie de courte durée
Fin mars, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune s’étaient parlé au téléphone, actant une reprise du dialogue après huit mois de crise ouverte, déclenchée par le soutien français au plan d’autonomie marocain au Sahara occidental. Alger avait alors rappelé son ambassadeur à Paris.
Cette nouvelle crise intervient alors que les deux pays s’étaient engagés à avancer sur plusieurs sujets sensibles, dont la migration et la situation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, récemment condamné à de la prison en Algérie.
Jean-Noël Barrot a exprimé l’espoir d’un "geste d’humanité" de la part d’Alger à son égard, évoquant son état de santé préoccupant.
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