Mohamed Hamdan Daglo proclame un gouvernement alternatif au Soudan

Actus. Mardi 15 avril, le Soudan est entré dans sa troisième année de guerre civile. Le conflit oppose deux généraux : Abdel Fattah al-Burhan, commandant de l’armée régulière, les SAF, et Mohamed Hamdan Daglo, dirigeant du groupe paramilitaire des RSF. Malgré de multiples tentatives de cessez-le-feu, aucune n’a permis d’aboutir à une trêve durable. Mardi 15 avril, « [e]n ce jour d'anniversaire », le chef des RSF annonce la formation d’un nouveau gouvernement "de paix et d’unité".

Mohamed Hamdan Daglo proclame un gouvernement alternatif au Soudan
« Nous construisons un État parallèle » : au Soudan, Mohamed Hamdan Daglo annonce un gouvernement rival. - Rawpixels

C’est avec fierté que Mohamed Hamdan Daglo annonce les prémices d’un gouvernement « démocratique, tolérant et juste ». Un gouvernement qui, selon lui, ne répétera pas « la tyrannie du passé ». Depuis la fin du mois de mars, les forces paramilitaires que dirige ce général, ont perdu le contrôle de plusieurs territoires stratégiques, dont la capitale soudanaise Khartoum. Malgré ces importantes pertes territoriales et les nombreux cessez-le-feu infructueux depuis le début de la guerre civile, Mohamed Hamdan Daglo a publié hier, mardi 15 avril, sur Telegram, une annonce concernant la formation d’un gouvenement.

Quelle est la situation actuelle ? 

Alors que le Soudan, pays de du nord-est de l’Afrique, est en proie à une guerre civile depuis le 15 avril 2023, plus de trois millions de personnes sont considérées comme réfugiées et près de neuf millions ont été déplacées à l’intérieur du pays selon les Nations Unis. Au total, le nombre de personnes contraintes de fuir la violence dépasse la population de la Suisse. Les exilés ont un accès très limité aux services essentiels, tels que l’alimentation ou les soins de santé, tandis que la famine ravage les populations au Nord-Darfour et au Kordofan du Sud.

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Comment est envisagé le gouvernement ?

Dans son communiqué, le général des forces paramilitaires présente un gouvernement censé incarner l’unité et « l’égalité des droits pour tous, sans distinction de race, de religion, de genre ou de langue ». Il promet de « fournir des services essentiels – éducation, soins de santé et justice – non seulement dans les zones sous contrôle des RSF, mais aussi dans tout le pays ». Seulement, les forces paramilitaire ont perdu ces dernières semaines des territoires stratégiques y compris la capitale soudanaise Khartoum. 

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Quelques mesures de ce gouvenement rivale sont esquisées: l’instauration d’une armée professionnelle, unifiée et apolitique, la création d’un État laïc, ainsi que la mise en place d’un conseil présidentiel composé de quinze personnes représentant toutes les régions.

Un bilan impossible à établir

Mohamed Hamdan Daglo dresse un portrait au vitriol de son adversaire. Son homologue, chef des SAF, est décrit comme le superviseur du « génocide au Darfour, qui a favorisé le terrorisme, la corruption et la dictature, et est aujourd’hui encore accueilli au sommet du pouvoir ».

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Il tisse une nouvelle fois un lien entre les SAF et un mouvement islamiste, cherchant à rétablir un régime islamo-militaire semblable à celui de l’ancien président soudanais Omar el-Béchir (1993-2019). Ces allégations n’ont jamais été confirmées officiellement par l'armée régulière, mais des liens ont été documentés entre elle et des mouvements islamistes, notamment la « Brigade de l’ombre », qui a soutenu l’armée dans sa lutte contre les RSF.

Les deux camps ont été accusés de viser des civils, de bombarder aveuglément des zones habitées, et de faire obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire. La destruction du système de santé au Soudan rend impossible l’établissement d’un bilan précis des victimes. En 2024, l’ex-émissaire de l’ONU au Soudan, Tom Perriello, avait avancé une estimation d’environ 150 000 morts.

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