Des groupes formellement identifiés par le Conseil de sécurité des Nations Unies comme "auteurs de terrorisme" sont privés de fournitures ou de vente d’armements. Mais dehors des canaux légaux, certains groupes continuent d’être alimentés. Notamment au Sahel central, dans la région des trois frontières — Burkina Faso, Niger, Mali — et du bassin du lac Tchad — Niger, Nigeria, Tchad — où des violences sont perpétrées depuis plusieurs années et où le territoire de ces groupes est en expansion. L’organisation britannique Conflict Armament Research (CAR) publie ce mardi 29 avril un rapport détaillant par quels moyens ils parviennent à s’affranchir de cette interdiction.
Des armes en provenance des armées nationales
Ce document est une enquête menée de 2014 à 2023 auprès des groupes islamistes extrémistes les plus influents de la région — le Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin, JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), l’EIS (État islamique au Sahel), l’EIAO (État islamique en Afrique de l’Ouest) et le JAS (le Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’adati wal-Jihad, Groupe sunnite pour la prédication et le djihad).
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Sur 726 armes saisies pendant cette période, parmi 5 890 armes répertoriées par les enquêteurs, environ 20 % proviennent directement des stocks des armées nationales sahéliennes, selon les conclusions de CAR. Leur analyse révèle qu’au moins un cinquième des armes saisies en lien avec l’activité salafiste dans cette zone ont été détournées de huit États d’Afrique du Nord et de l’Ouest (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Libéria, Libye, Mali, Niger, Nigeria et Tchad).
Le fusil d'assaut est l'arme la plus présente
Le fusil d’assaut est l’arme la plus utilisée par ces groupes. Elle représente 78 % de l’arsenal documenté par CAR dans ces deux régions du Sahel. Majoritairement fabriqués en Chine et en Russie, les modèles 56 et 56-1 chinois ainsi que l’AKM russe "sont extrêmement" utilisés. Les arsenaux ont été produits pour la plupart dans les années 1960-1970.
For the past decade, CAR field teams have been documenting weapons and ammunition seized from ISSP, ISWAP, JNIM, and JAS (commonly 'Boko Haram') – four groups operating in the central Sahel and sanctioned by the UN Security Council for acts of terrorism. 🧵 (1/6) pic.twitter.com/rRFp5YlLV5
— CAR (@conflictarm) April 29, 2025
"Une grande partie de ces munitions avait été fournie aux armées du Sahel central avant d’être détournée durant les dernières décennies", analyse CAR. Il y a peu de preuves d'une collaboration entre les groupes islamiqies radicaux malgré une idéologie semblable. Cependant, ils possèdent une artillerie "relativement homogène" et se "composent d’armes similaires". Cela suggère selon l'enquête que ces groupes puisent dans les mêmes sources d’approvisionnement.
Dans certains cas, des groupes rivaux engagés dans un conflit actif — tels que le JNIM et l’EIS dans la zone des trois frontières — ont utilisé des armes de la même série, "indiquant qu’ils s’appuient sur des mécanismes d’approvisionnement similaires".
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Des armes détournées deviennent des butins de guerre
Les arsenaux des conflits antérieurs continuent de circuler "au-delà de leurs utilisateurs initiaux" et bien après la fin des conflits auxquels ils étaient associés — notamment du matériel du régime de Mouammar Kadhafi, en Lybie. La chute de ce régime en 2011 a "entraîné un important flux à travers le Sahel".
Le détournement des stocks militaires étatiques est également un outil de propagande pour ces groupes terroristes. Leurs butins de guerre leur procurent les moyens d’affronter militairement les armées régulières. Un accès aux materiels nationaux qui met en évidence, selon le rapport, les défis auxquels font face les forces de défense et de sécurité pour maintenir le contrôle de leurs armes, particulièrement lors d’opérations actives.
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