La communauté internationale se dit prête à renvoyer de l'aide dans les régions somaliennes déclarées en état de famine par les Nations unies, à condition que cette aide soit strictement acheminée aux populations et ne profite pas aux insurgés islamistes qui contrôlent ces zones.
La Somalie, où sévissent des combats permanents, subit de plein fouet la gravissime sécheresse qui frappe la Corne de l'Afrique.Selon l'ONU, deux régions du sud du pays, -le sud de celle de Bakool, et celle de Lower Shabelle- contrôlées par les islamistes shebab sont frappées de famine et la situation risque de s'aggraver si la communauté internationale n'agit pas rapidement.
Mais la communauté internationale qui avaient été poussée au départ à partir de 2009 par les shebab, affiliés à Al-Qaïda, évoque avec prudence son retour dans les zones que les rebelles contrôlent.
"Nous travaillons tous sous les mêmes restrictions juridiques, nous voulons aider les populations qui sont gravement dans le besoin, mais pas des organisations terroristes", a estimé Raj Shah, directeur de l'agence américaine d'aide au développement (USAID).
"Nous essayons de nous assurer que nos engagements humanitaires arrivent aux personnes les plus vulnérables," a-t-il ajouté.
Face à la gravité de la situation, pour la deuxième fois en moins d'un mois les shebab, se sont dit prêts mercredi à accepter l'aide internationale.
Mais, ils posent eux-aussi leurs conditions : que l'aide soit "fournie purement sur des bases humanitaires" et que les "valeurs religieuses des Somaliens, musulmans, (soient) respectées", selon un haut responsable shebab s'exprimant sous couvert d'anonymat.
Le Fonds des nations unies pour l'enfance, qui dès la semaine dernière a envoyé par avion cinq tonnes d'aide alimentaire et médicale dans une région du centre de la Somalie, elle aussi contrôlée par les shebab, dit avoir travaillé avec un réseau d'organisations locales pour distribuer les produits.
L'Unicef a aussi eu recours à des observateurs indépendants des islamistes pour s'assurer que l'aide atteignait bien les populations dans le besoin, a expliqué une porte-parole, Shantha Bloemen.
"Nous espérons pouvoir aider au moins 70.000 enfants dans les six mois à venir, mais c'est un défi logistique colossal", a-t-elle reconnu.
Dès la semaine dernière, le Programme alimentaire mondiale (PAM) disait aussi envisager un retour en zones somaliennes contrôlées par les rebelles.Il en était parti début 2010 en raison, notamment, de craintes pour la sécurité de ses équipes et l'imposition de taxes informelles jugées inacceptables.
Mais lui aussi se montre prudent.
"Nous ne remettrions aucune aide humanitaire à une entité armée, que ce soit en Somalie ou ailleurs," a commenté un porte-parole de l'organisation basé à Rome, Greg Barrow.
Mais, expliquent certains, il y a d'autant plus urgence que les sources de financement de l'aide à la Somalie se sont taries depuis deux ans.
Action contre la faim (ACF), une des rares organisations restées actives ces derniers mois dans les zones contrôlées par les shebab, dit avoir besoin de quelque 30 millions de dollars sur les six prochains mois.
ACF couvre actuellement un quart des parties de Bakool touchées par la famine et voudrait étendre sa couverture à la "totalité" des zones affectées dans la région, indique son directeur pour la Somalie, Jens Oppermann.
Selon lui, cette question du financement est cruciale.Sur les deux années passées, relève-t-il, les rares organisations humanitaires restées sur place "ont peut être reçu 50% de l'argent demandé" pour leurs activités, parce que, déjà, les donneurs voulaient être sûrs qu'elles pouvaient travailler sans que "l'aide ne soit détournée".
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