Les rebelles islamistes en Somalie ont rejeté vendredi le retour de l'aide internationale dans les régions qu'il contrôlent, et dénoncé comme une manoeuvre l'alerte à la famine lancée par l'ONU.
Dans le même temps, l'ONU a répété sa détermination à oeuvrer là où elle le pourrait pour tenter d'alléger les souffrances de millions de victimes d'une des plus grave sécheresse en un demi-siècle dans la Corne de l'Afrique.
Les insurgés shebab qui combattent le gouvernement de transition de Mogadiscio et contrôlent une grande partie du pays ont annoncé qu'ils refusaient de réadmettre les organisations humanitaires qu'ils ont chassées de leurs zones en 2009.
"Les groupes interdits précédemment ne sont pas les bienvenus pour travailler dans les zones sous notre contrôle", a déclaré Sheik Ali Mohamud Rage sur la radio somalienne islamiste al Furqaan.
En outre, a-t-il assuré, "il y a une sécheresse en Somalie mais pas de famine", prenant le contre-pied d'une déclaration de l'état de famine dans deux régions de la Somalie --le sud-Bakool, et Lower Shabelle-- faite par l'ONU.
"Ce qui est déclaré par l'ONU est faux à 100%", a encore déclaré Sheik Ali Mohamud Rage: la "déclaration de famine est politique et contient des intentions cachées".
Selon lui, les organisations qui avaient été interdites veulent "que les Somaliens migrent vers les pays chrétiens voisins, le Kenya et l'Ethiopie".
En 2009, les shebab, affiliés à Al-Qaïda, ont interdit les activités de plusieurs organisations humanitaires, dont le Programme alimentaire mondial (PAM), qui est toutefois resté à Mogadiscio.
Il les accusaient d'espionner pour le compte de la communauté occidentale et de se comporter en missionnaires chrétiens, et avaient imposé des règles qui entravaient le travail des humanitaires.
Vendredi, le PAM a toutefois assuré que les organisations humanitaires travailleraient "là où cela est possible"."Al Shebab n'est pas une organisation monolithique", a souligné Emilia Casella, porte-parole du PAM.
"Nous faisons des plans pour travailler là où c'est faisable", a-t-elle ajouté.
Mercredi, un haut responsable shebab, sous couvert d'anonymat, avait salué l'annonce de l'ONU sur la famine."La déclaration de famine dans des régions de Somalie par l'ONU est bienvenue et nous voudrions voir l'aide arriver jusqu'à la population," avait-il dit.
Une gravissime sécheresse frappe quelque 12 millions de personnes dans la Corne de l'Afrique, selon l'ONU.
En Somalie, la crise est aggravée par des conflits incessants dans ce pays sans gouvernement depuis 1991.
Le PAM avait rappelé être parti des régions sous contrôle shebab à cause de l'insécurité qui pesait sur ses équipes et des conditions de travail, comme l'imposition de taxes informelles, jugées inacceptables.
Au début du mois, Sheik Ali Mohamud Rage avait toutefois affirmé que tous ceux prêts à aider les victimes de la sécheresse, "qu'ils soient musulmans ou non", étaient les "bienvenus" si leur intention était "seulement d'aider ceux qui souffrent".
La communauté internationale avait accueilli avec prudence cet appel à l'aide.Un haut responsable de la diplomatie américaine avaient souligné qu'il revenait aux pays donateurs "de tester leur réelle volonté de permettre aux gens mourant de faim de recevoir une aide humanitaire".
La communauté internationale continue toutefois de se mobiliser pour les victimes de la sécheresse, et les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou encore l'Allemagne ont promis des millions de dollars.
Ce week-end, la commissaire européenne à l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva, visitera les camps de réfugiés de Dabaad, dans l'est du Kenya, où affluent des milliers de Somaliens.Le ministre français de l'agriculture, Bruno Le Maire, se rendra aussi au Kenya pour préparer une réunion de l'organisation de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) sur la Somalie prévue lundi à Rome.
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