L'Otan a prévenu mardi qu'elle bombarderait tout site civil utilisé à des fins militaires par les troupes loyales au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, dont le régime a répété qu'il ne quitterait pas le pouvoir.
"Les forces pro-Kadhafi utilisent de plus en plus souvent des installations qui avaient au départ un usage civil" comme des étables, des bâtiments agricoles, des entrepôts ou des usines, a affirmé le porte-parole de l'opération "Protecteur unifié" de l'Otan, le colonel canadien Roland Lavoie.
"En occupant et en utilisant ces installations, le régime les a transformées en sites militaires d'où il commande et conduit des attaques, leur faisant perdre ainsi leur statut protégé et les transformant en cibles militaires légitimes de l'Otan", a-t-il ajouté.
L'Otan a ainsi frappé récemment une cimenterie d'où les pro-Kadhafi tiraient avec un lance-roquettes multiple, a-t-il expliqué.
Lundi, les autorités libyennes avaient conduit des journalistes à Zliten, ville dans le viseur des rebelles à 150 km à l'est de la capitale, pour montrer un petit hôpital détruit, dans lequel 7 personnes ont péri selon Tripoli, et un dépôt de produits alimentaires en feu à cause de frappes de l'Otan.
Cependant, l'Alliance atlantique "prend les plus grandes précautions", en particulier dans sa collecte d'informations, avant de bombarder des objectifs, de manière à éviter des pertes civiles, a assuré le colonel Lavoie.
Cette annonce marque un durcissement de la stratégie de l'Otan, bien décidée à prendre l'avantage après quatre mois de raids aériens qui n'ont pas réussi à briser la résistance des troupes fidèles au régime de Tripoli.
Lundi, le plus haut gradé américain, l'amiral Michael Mullen, avait reconnu, lors de sa dernière conférence de presse avant son départ à la retraite, que l'Otan était actuellement dans une "impasse" en Libye.
Pour autant, les raids de l'Otan "ont considérablement amoindri" les forces du colonel Kadhafi et constitué "une pression supplémentaire" sur elles, avait-il relevé."A long terme, je pense que c'est une stratégie qui fonctionnera (et permettra) de chasser Kadhafi du pouvoir", avait-il ajouté.
Le colonel Lavoie a jugé de son côté la situation sur le terrain "très dynamique" et "très changeante", avec des batailles sur tous les fronts, les deux villes côtières de Brega (est) et Misrata (ouest) étant toujours "âprement disputées".
Le pro-Kadhafi ont tout fait pour ralentir l'avancée des rebelles vers Brega, posant des centaines de mines et mettant le feu à des tranchées remplies de pétrole, tandis que Misrata, tenue par les rebelles, continue d'être sous le feu de l'artillerie gouvernementale, a-t-il souligné.
L'Otan a apporté un soutien appuyé lundi aux rebelles de l'Est en détruisant une vingtaine de cibles dans les environs de Brega, essentiellement des véhicules."L'Otan a lancé une grande offensive sur Brega.Nous avons senti les bombes jusqu'à Ajdabiya", à 80 km à l'est, a déclaré un rebelle.
Sur le plan diplomatique, une source britannique a assuré mardi à l'AFP que Londres n'avait pas changé de stratégie vis-à-vis du colonel Kadhafi, au lendemain de déclarations du ministre des Affaires étrangères William Hague laissant entendre que le dirigeant libyen pourrait rester en Libye s'il abandonnait le pouvoir.
"C'est au peuple libyen de décider ce qu'il advient de Kadhafi", a déclaré cette source diplomatique, précisant: "pour nous, Kadhafi est l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité et devrait être jugé".
Le Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi a répété mardi qu'un départ du pouvoir de Mouammar Kadhafi n'était "pas un sujet de discussion", à l'issue d'une rencontre avec l'envoyé spécial de l'ONU Adbel-Elah al-Khatib.
Il a en outre réaffirmé que son régime était prêt a un cessez-le-feu et à un dialogue sur l'avenir politique du pays, mais à condition que l'Otan cesse ses bombardements.
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