D'intenses combats ont éclaté jeudi matin à Mogadiscio après une attaque de la force de l'Union africaine (Amisom) sur le bastion insurgé du marché de Bakara, au lendemain du début d'un pont aérien de l'ONU vers la capitale pour les victimes de la sécheresse.
Des échanges de tirs d'artillerie et d'armes automatiques ont débuté à l'aube sur les lignes de front ceinturant le marché de Bakara et dans la zone de Suqbacad, a constaté le correspondant de l'AFP.
Selon des témoins, des soldats de l'Amisom, appuyés par des chars, ont franchi une grande avenue qui marque la ligne de front et donne accès à Bakara.
"Les affrontements sont très violents, impliquant des tanks de l'Amisom.Les rares personnes qui vivaient encore par ici ont toutes fui", a expliqué un habitant.Aucun bilan n'était encore disponible en fin de matinée, alors que les affrontements se poursuivaient.
Forte de près de 9.000 militaires ougandais et burundais, l'Amisom est déployée depuis 2007 dans Mogadiscio en soutien au fragile gouvernement de transition (TFG) du président Sharif Cheikh Ahmed.
Elle contrôle un peu plus de la moitié de la ville, avec notamment l'aéroport et le port, face aux insurgés islamistes qui en tiennent toute la partie nord-est.
Depuis février, la force africaine a considérablement progressé et repoussé les islamistes sur les deux principales lignes de front de la capitale, resserrant ainsi son étau sur le marché de Bakara.
Cette offensive de l'Amisom pourrait être une attaque préventive en prévision de la traditionnelle offensive des shebab autour de la période du ramadan, le jeûne musulman.
En septembre 2010, lors du dernier ramadan, des combattants shebab avaient attaqué par centaines sur plusieurs lignes de front de Mogadiscio, enfonçant les positions des forces gouvernementales avant d'être finalement contenus in-extremis par l'Amisom.
Ces combats interviennent au lendemain du début d'un pont aérien du Programme alimentaire mondial (PAM) pour venir en aide aux victimes de la sécheresse dans le pays.
Situé en bord de mer, à environ 3 km des lignes de front, l'aéroport international est en théorie hors de portée des combats quasi-quotidiens dans la ville, en particulier des obus de mortiers des insurgés.
L'aéroport abrite la principale base de l'Amisom, et les vols cargos ou de passagers en provenance des pays de la région y sont quotidiens.
Un premier avion du PAM en provenance de Nairobi a débarqué mercredi à Mogadiscio 10 tonnes de suppléments nutritionnels pour les enfants souffrant de malnutrition.
Une dizaine de rotations sont prévues, avec pour objectif d'acheminer au total près de 100 tonnes de ces suppléments destinés à être utilisés par les partenaires locaux de l'agence onusienne pour 35.000 enfants pris en charge dans les centres spécialisés de la capitale.
"L'offensive et les mesures de sécurité liées ont des implications importantes" sur les opérations en cours du PAM sur l'aéroport, a commenté un porte-parole de l'agence depuis Mogadiscio, David Orr.
"Nos partenaires locaux qui transportent et distribuent la nourriture seront peut-être affectés.Mais nous espérons toujours que l'essentiel de nos opérations, si ce n'est la totalité, vont se poursuivre comme prévu", a expliqué M. Orr.
La sécheresse en Afrique de l'Est menace environ 12 millions de personnes, selon les Nations Unies.La situation est particulièrement critique en Somalie, où l'ONU a décrété formellement en état de famine deux provinces du sud, contrôlées par les shebab.
L'ONU craint que cette famine ne s'étende d'ici un à deux mois à l'ensemble des huit provinces du sud somalien, largement tenues par les insurgés islamistes, si "l'accès humanitaire" aux régions en crise n'est pas assuré.
Un revers majeur des shebab dans Mogadiscio compliquerait sans doute encore un peu plus la tâche des quelque organisations humanitaires, tels le Comité international de la croix rouge (CICR) ou Médecin sans frontière (MSF), qui travaillent encore en zone shebab sous une pression constante.
Cela hypothéquerait également sérieusement les efforts en cours des agences onusiennes et autres ONG expulsées fin 2009 pour revenir en zone islamiste et assister les populations en détresse.
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