L'enquête se poursuivait samedi à Benghazi après la mort du général Younès, ancien pilier du régime libyen devenu chef d'état-major des rebelles, tandis que l'Otan a bombardé des émetteurs de télévision pour tenter de "réduire le colonel Kadhafi au silence".
Le Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion, "a nommé une commission d'enquête et va publier tous les faits" autour de la mort d'Abdel Fatah Younès, a annoncé Ali Tarhuni, chargé des affaires économiques au sein du CNT.
Le corps criblé de balles et partiellement calciné du général Younès a été retrouvé vendredi matin dans les faubourgs de Benghazi, mais le CNT avait été informé de sa mort la veille, quand le chef d'une bande armée à l'origine de sa mort avait avoué le crime, a-t-il expliqué.
"Le chef de la bande est en prison maintenant", a déclaré M. Tarhuni, ajoutant que certains des autres auteurs du crime étaient encore recherchés et que leurs motivations n'étaient pas claires."Nous ne savons pas pour qui ils travaillaient", a-t-il dit.
Plusieurs membres du CNT ont accusé le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi d'être derrière l'assassinat, tandis que des rumeurs affirment que le général a été exécuté par des rebelles qui le soupçonnaient de trahison.
Vendredi soir, le porte-parole du régime libyen, Moussa Ibrahim, a accusé Al-Qaïda d'avoir commis le meurtre pour "marquer sa présence et son influence dans cette région" de l'Est contrôlée par la rébellion.
Pour Tripoli, cet assassinat est une nouvelle preuve que le CNT n'a "aucun pouvoir à Benghazi"."C'est Al-Qaïda qui a le pouvoir à l'Est", a ajouté le porte-parole.
Agé de 67 ans, le général Younès avait participé au coup d'Etat qui a porté M. Kadhafi au pouvoir en 1969, avant de devenir son éminence grise.Envoyé à Benghazi pour mater la révolte naissante mi-février, il avait contre toute attente rallié la rébellion.
"Personne ne tenait à ce qu'il vive, à l'exception peut-être de sa mère", a résumé Lynette Nusbacher, professeur à l'académie militaire britannique de Sandhurst.Un millier de personnes ont cependant participé vendredi à Benghazi aux funérailles du général et de deux colonels tués en même temps que lui.
Vendredi soir, les Etats-Unis ont exhorté les rebelles à rester unis et concentrés sur leur objectif de renverser le colonel Kadhafi, tandis que la France et le Royaume-Uni ont appelé à la prudence sur les explications et les responsabilités dans cette affaire.
Dans la nuit de samedi à dimanche, l'Alliance atlantique a annoncé avoir mené une série de frappes de précision contre trois émetteurs de la télévision libyenne afin de tenter de "réduire le colonel Kadhafi au silence"
"Kadhafi se sert de ses interventions télévisées pour instiller la haine entre les Libyens et mobiliser ses partisans", a accusé l'Alliance, précisant que les frappes visaient à réduire la capacité du régime à communiquer "sans priver les Libyens des infrastructures de la télévision qui seront nécessaires après le conflit".
Une dizaine d'explosions, puissantes mais lointaines, ont été entendues vendredi peu après 22 heures (20H00 GMT) à Tripoli, selon un journaliste de l'AFP.De nouvelles explosions ont suivi entre 1H00 et 2H00, en particulier dans le secteur de la résidence de M. Kadhafi, dans le centre de Tripoli.
Sur le plan militaire, l'aviation norvégienne devait effectuer sa dernière mission de combat en Libye samedi, deux jours avant la fin officielle de sa participation à l'opération aérienne dirigée par l'Otan.
Sur le plan financier, la situation des rebelles s'est légèrement améliorée avec l'arrivée à Benghazi d'un prêt de 200 millions de dollars de la part de la Turquie, a annoncé M. Tarhuni, précisant que cet argent était avant tout destiné aux montagnes de Nefoussa, au sud-ouest de Tripoli, où les combattants rebelles et leurs familles manquent de tout à l'approche du ramadan.
Le prêt turc vient s'ajouter à un prêt de 180 millions de dollars de la part du Koweït, tandis qu'un autre prêt de 415 millions de dollars de la France était attendu "dans les prochains jours", a précisé M. Tarhuni.Des négociations sont aussi en cours avec Londres pour récupérer des billets de dinars libyens bloqués dans le cadre des sanctions contre le régime.
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