Adan Ahmed a fui la sécheresse et les combats en Somalie il y a un mois, pour se réfugier de l'autre côté de la frontière, au Kenya.Il se démène à présent pour trouver de la nourriture pour ses enfants, dans le plus grand camp de réfugiés au monde, Dadaab.
Comme des dizaines de milliers de compatriotes ces derniers mois, Adan a entrepris la longue et périlleuse marche à travers les régions du sud de la Somalie, frappées par la sécheresse et parcourues par les insurgés islamistes radicaux shebab, pour trouver refuge au Kenya voisin.
Terminus Dadaab, un immense complexe de plusieurs camps abritant 380.000 réfugiés, en très grande majorité Somaliens, installés pour certains depuis plus de 15 ans dans ce royaume de poussière et de bâches en plastique.
"C'est mieux ici qu'en Somalie mais ça reste pas très bon", explique M. Ahmed, résigné.
Les conditions dans le camp sont très difficiles, et l'afflux constant de réfugiés accroît la pression sur des stocks limités d'abris, d'eau potable, de médicaments, de nourriture et d'espace.
"Il n'y a quasiment pas de nourriture et surtout beaucoup de problèmes", résume le sexagénaire, avant de dresser le constat, lucide: "pour mes enfants et moi-même, le futur ne promet rien de bon ici".
Non loin, Howa Hassan Abdi, 80 ans, a rejoint une interminable file d'attente pour faire vacciner ses petits-enfants contre la poliomyélite et la rougeole.
"Pendant notre voyage, nous avons été attaqués deux fois: ils ont pris nos vêtements et notre nourriture", explique la vieille femme."Quand nous sommes arrivés ici (il y a deux mois), mes petits-enfants ont reçu un traitement, car ils étaient très malades et affamés.A présent, ils sont soignés et nous avons de la nourriture", ajoute-t-elle.
Les Nations unies ont déclaré l'état de famine dans deux régions du sud de la Somalie contrôlées par les shebab, qui se revendiquent d'Al Qaïda.Ces derniers refusent toujours l'accès de leur territoire aux agences humanitaires de l'ONU et à plusieurs grandes ONG internationales, accélérant de fait le flot de réfugiés vers Dadaab.
"Tous les jours, plus de 1.300 personnes arrivent ici", explique à l'AFP William Spindler, un porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés (HCR).
"La population ne cesse de croître et il n'y a aucune perspective pour que cela s'arrête", ajoute-t-il.
Comble de l'absurde, un camp adjacent, capable d'accueillir 40.000 personnes et offrant des habitations en dur et des latrines en nombre suffisant, demeure vide en dépit de critiques internationales croissantes.
Pendant des mois, le gouvernement kényan a refusé d'en autoriser l'ouverture, arguant du risque croissant d'infiltration d'insurgés shebab sur son territoire via ces camps.
Plusieurs responsables gouvernementaux kényans ont récemment assuré que le camp, baptisé Ifo II, pouvait ouvrir mais l'autorisation officielle n'a à ce jour pas été donnée.Les travailleurs humanitaires n'ont eu d'autre choix que d'entasser les nouveaux arrivants dans un camp sommaire de tentes, où les sanitaires sont toujours en construction.
Des voix se sont également élevées au sein du gouvernement kényan pour suggérer d'ouvrir des centres de distribution d'aide à l'intérieur de la Somalie, mais plusieurs organisations humanitaires mettent en avant les risques liés au conflit et les complications imposées par les shebab pour rejeter en l'état cette idée.
Les taux de malnutrition en Somalie sont les plus élevés au monde à l'heure actuelle et exposent un peu plus les plus faibles aux maladies.L'Unicef a ainsi lancé lundi une vaste campagne de vaccination dans le camp, pour tous les enfants âgés entre six mois et cinq ans.
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