Le procès historique pour l'Egypte et le monde arabe de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak s'est ouvert mercredi au Caire, moins de six mois après la chute de l'ancien homme fort poursuivi pour meurtres de manifestants et corruption.
Le président déchu, 83 ans, est apparu pour la première fois publiquement depuis sa démission le 11 février allongé sur une civière, dans un box grillagé et muni de barreaux.
Pâle, vêtu de blanc, il a parlé à ses fils Alaa et Gamal, calmes et eux aussi habillés en blanc, la tenue réglementaire des prévenus n'ayant pas encore été condamnés.
Les fils Moubarak, qui se tenaient debout près de leur père, et l'ex-ministre de l'Intérieur Habib el-Adli ainsi que six hauts responsables de la police --également présents-- doivent répondre des mêmes accusations.
L'homme d'affaires Hussein Salem, un proche des Moubarak, est pour sa part jugé par contumace.
Le président du tribunal pénal du Caire, Ahmed Refaat, a demandé "un silence total" pendant l'audience, menaçant d'expulser de la salle d'audience toute personne allant à l'encontre de ses instructions.
Mercredi matin, Hosni Moubarak a quitté à bord d'une ambulance l'hôpital de Charm el-Cheikh, où il était en détention préventive depuis avril à la suite de problèmes cardiaques.Il a quitté la station balnéaire en avion et a atterri dans la matinée à l'aéroport militaire d'Almaza, au Caire.
Le procès est diffusé en direct à la télévision publique.Devant le tribunal, des centaines de personnes, dont des familles de victimes, suivaient avec attention et en silence le procès sur un écran géant.
L'audience se déroule sous forte protection policière et militaire dans l'enceinte de l'école de police, dans la banlieue du Caire, pour des raisons de sécurité.S'il est reconnu coupable du meurtre de manifestants, M. Moubarak risque la peine de mort.
Les accusés devront répondre des accusations de détournement d'argent public et du meurtre de manifestants anti-régime pendant la révolte.Près de 850 personnes ont été tuées au cours des 18 jours du soulèvement populaire de janvier-février.
Autre président chassé par un soulèvement populaire, l'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, qui a quitté le pouvoir le 14 janvier, a pour sa part déjà été jugé --mais par contumace-- pour détournement de fonds, détention d'armes et de stupéfiants, fraudes immobilières et abus de pouvoir.
Plus d'un millier de policiers et de soldats ont été déployés pour assurer la sécurité de l'école de police.
Selon un journaliste de l'AFP se trouvant devant l'académie de police, des barbelés ont été placés devant le bâtiment.Une dizaine de bus de la police anti-émeutes en gardait l'entrée.
Avant l'arrivée des accusés, plusieurs dizaines de partisans de l'ancien président se sont heurtés à ses opposants.Des pierres ont été lancées de part et d'autre, avant que la police n'intervienne et n'installe un cordon entre les deux camps.
Plus tôt, des partisans de M. Moubarak avaient manifesté en sa faveur.
"Ils disent révolution et liberté, mais ils ne sont qu'une bande de voyous", "O juge, il ne faut avoir peur que d'Allah", criaient certains en brandissant des photos de M. Moubarak.
A Charm el-Cheikh, au moment où l'ancien président quittait l'hôpital, des manifestants avaient appelé à son exécution selon un correspondant de l'AFP.
Son avocat, Farid al-Dib, doit arguer que M. Moubarak est trop malade pour être jugé et qu'il n'a pas autorisé la répression brutale des manifestants.
M. al-Dib a assuré que M. Moubarak souffrait d'un cancer et, la semaine dernière, qu'il était dans le coma, ce que l'hôpital a démenti.L'un de ses médecins a affirmé à l'AFP qu'il était dans un état relativement stable mais qu'il était faible, car il refuse de s'alimenter, et très déprimé.
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