L'Afrique australe est confrontée à une "érosion de la démocratie" causée en partie par une incapacité des leaders régionaux à tenir leurs propres engagements sur la protection de l'Etat de droit, ont affirmé mercredi des groupes représentant la société civile.
"Nous notons avec une profonde préoccupation la détérioration de la situation politique en République démocratique du Congo (RDC), à Madagascar, au Malawi, au Swaziland et au Zimbabwe", a déploré Malcolm Damon, directeur de l'Association des conseils chrétiens devant des journalistes à Johannesburg.
Dans ces cinq pays, on assiste à "un harcèlement continu et des meurtres de défenseurs des droits de l'Homme, le déni du droit des citoyens à participer à la vie politique, la violence (...) ainsi que la hausse de l'insécurité humaine", a-t-il ajouté.
Selon lui, ces problèmes exigent "une attention urgente" de la part des chefs d'Etat de la région.
M. Damon s'exprimait au nom d'un rassemblement de groupes religieux, syndicats et organisations non gouvernementales, à quelques jours d'un sommet des chefs d'Etat des quinze pays de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), prévu les 17 et 18 août à Luanda.
Le développement de la démocratie, la pleine participation de la société civile, la transparence et le respect de l'Etat de droit font théoriquement partie des principes de base de la SADC.
Or, ses dirigeants ont échoué à régler la crise au Zimbabwe, après trois ans d'efforts, a-t-il pointé: le pays est toujours englué dans les luttes de pouvoir entre le président Robert Mugabe et son principal opposant, Morgan Tsvangirai, qu'elle a contraints à s'associer contre leur gré en 2009 dans un fragile gouvernement d'union nationale.
Ils n'ont pas non plus réussi à sortir Madagascar de l'impasse dans laquelle la Grande Ile est enferrée depuis l'éviction de l'ancien président Marc Ravalomanana en 2009, tandis que les violences n'ont pas cessé en RDC, a relevé M. Damon.
Les dirigeants de la SADC devront aussi se pencher sur la situation au Malawi --où les forces de sécurité ont violemment réprimé des manifestations anti-gouvernementales le mois dernier, faisant 19 morts-- et au Swaziland, petite monarchie absolue qui a également fait taire ses opposants sans ménagement.
Malcolm Damon a plus généralement critiqué un "manque de progrès" dans les efforts de médiation de l'organisation régionale, et a appelé ses dirigeants à "réexaminer les mécanismes de résolution des conflits de la SADC pour les rendre plus efficaces"
"Nous devons mettre en oeuvre un mécanisme qui fasse en sorte que la SADC applique ses politiques destinées à régler ce genre de questions", a renchéri Boichoko Ditlhake, directeur du Conseil des organisations non-gouvernementales de la SADC.
"Certains Etats membres choisissent toujours quand ils préfèrent faire partie de la SADC et quand ils préfèrent ne pas se conformer (à ses idéaux démocratiques), se cachant derrière le concept de souveraineté", a-t-il accusé.
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