Somalie: après le départ des shebab, les commerçants de Bakara envisagent de rouvrir

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MOGADISCIO (AFP) - (AFP)

Dans l'immense entrelacs de ruelles du marché de Bakara au coeur de Mogadiscio, de rares commerçants envisagent de rouvrir leur commerce après des mois d'intenses combats dans cet ex bastion des insurgés somaliens shebab, qui ont vidé les lieux, comme le reste de la capitale, il y a une semaine.

"La situation était très mauvaise ici et les combats trop violents", rappelle Abdi Ali Nur, propriétaire d'une échoppe jouxtant l'hôtel Fardoow, éventré par un obus de mortier au premier étage.

M. Nur est revenu pour la première fois en six mois dans le quartier pour inspecter son échoppe.Il avait fui devant les coups de boutoir de la force de l'Union africaine (Amisom) lors d'une offensive contre les shebab.

"Si Dieu le veut, les commerces pourront de nouveau ouvrir", explique-t-il, se félicitant de voir ses stocks de sodas encore entreposés dans sa boutique.

Sous l'effet conjugué de la chaleur et de la brise venue de l'océan Indien, dont on aperçoit le bleu outre-mer à l'horizon, le toit de tôle ondulée de son commerce craque, un bruit habituellement couvert par le brouhaha de la rue.

Ces derniers mois, Bakara a été au coeur de la bataille de Mogadiscio, les combats répétés forçant les commerçants à fermer leurs boutiques ou à déménager.

Le contrôle effectif du plus grand marché de la ville représenterait un succès indéniable pour le très fragile gouvernement de transition somalien, qui tente avec l'Amisom d'assoir son emprise sur 95% de la capitale après le départ des shebab le 6 août à l'aube.

La réouverture de Bakara pourrait redynamiser l'économie locale et contribuer à faire baisser le prix des denrées alimentaires, devenues inabordables pour nombre d'habitants de la capitale.

La cherté de la vie a accentué un peu plus les effets de la crise humanitaire causée par la sécheresse en Somalie, où 3,2 millions de personnes nécessitent une aide humanitaire d'urgence selon l'ONU.

"Bakara, c'était le marché où les shebab gagnaient l'argent qui a financé leurs opérations (...)", assure Paddy Ankunda, porte-parole de l'Amisom.

Selon un récent rapport de l'ONU, le marché représentait une source non négligeable de financements pour les insurgés, qui y prélevaient environ 60 millions de dollars par an en taxes et extorsions diverses.

Les insurgés ont également mis à profit la densité de ces allées et contre-allées pour en faire une place forte, renforcée à coups de tranchées creusées dans le sol.Plus mobiles que l'Amisom, les shebab pouvaient y lancer des obus de mortier sur les positions gouvernementales et se fondre ensuite dans le marché.

L'Amisom a ainsi mis au jour vendredi une cache d'arme dans une maison du quartier contenant pas moins de 137 obus de calibre 155mm.

Les stigmates des combats récents sont omniprésents dans le marché: de nombreuses façades sont défigurées par les impacts de balles d'armes automatiques.Certaines allées ont même été rasées au plus fort de combats à l'artillerie lourde.

A présent, de rares commerçants viennent en éclaireur évaluer la possibilités de rouvrir leur restaurant ou leur magasin de matériel électronique.

Mais si le marché n'est plus une ligne de front, la tension y demeure palpable et rares sont les commerçants acceptant de s'exprimer, de peur de représailles de la part des shebab restés en ville.

Les insurgés avaient évoqué un changement de tactique militaire pour justifier leur départ surprise.Dans les jours suivant leur retrait, un petit nombre d'entre eux avait ainsi multiplié les accrochages avec les forces gouvernementales.

"Les shebab sont encore dans le coin", explique un homme d'affaires sous couvert de l'anonymat.

"C'est calme maintenant mais on ne sait pas ce qui peut arriver", ajoute-t-il, tandis que le son métallique d'une rafale se fait entendre au loin.

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